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L E S CHAMBRES DE M E R V E I L L E S 437 d'une véritable passion pour la peinture. La ville de Lyon est alors et pendant tout le siècle suivant, le seul entrepôt du commerce des tableaux de toutes les Ecoles, et Beaucaire sur le Rhône étalait annuellement les produits des peintres lyonnais. A cette même époque, les jeunes artistes qui se rendaient à Rome s'arrêtaient à Lyon. Ils y étaient même employés par les riches marchands de tableaux, par les administrations, par les communautés religieuses qui s'élevaient alors si nombreuses dans toute la ville, et par d'opulents particuliers. Ainsi s'explique la présence, à Lyon, de tant de toiles de grands maîtres de tous pays, suspendues dans les hôtels des Ottavio Mei, des Capponi, des Pianello de La Valette, dont j'aurai à parler plus loin, et dans la plupart des couvents. Mais déjà , dans le siècle, précédent, il y avait eu à Lyon beaucoup de peintres et de nom- breux entrepôts de tableaux. Monstrelet rapporte que, lorsque Louis XI, fit, en 1475, les honneurs de Lyon au roi René de Pro- vence, « il luy fit veoir et considérer les singularités des pein- tures qui y estaient. » En 1476, le roi René venu encore à Lyon pour y veoir la foire et les belles bourgeoises, acheta trois tableaux ; l'un représentait un homme qui estrille sa femme, l'autre une femme qui estrille son homme. On ne dit pas ce que représentait le troisième. A cette grande époque, l'imprimerie destinée à multiplier les travaux des savants ne restait pas non plus en arrière et signalait ses premiers pas à Lyon par des chefs- d'œuvre. Les Gryphe, les Jean de Tournes, les Dolet, les Henri Estienne, joignant à une érudition profonde l'exercice de leur .noble profession, soutenaient avec honneur la concurrence de l'Italie, et leurs noms peuvent sans crainte être mis en parallèle avec ceux des Nerlius, des Baldus, des Junte et des Aide. « Lyon, dit à ce sujetM. Péricaud, dans son Etude sur le cardinal d'Este, graphie de notre cathédrale. Ce furent, entre autres, Peronet Sacqueret, successeur de Henri de Nivelle, en 1400; Perinet Sucrier, 1428; Laurent Girardin, 1440; Jean Prévost, 1471; Pierre d'Aubenas, 1498; Pierre Bonnet, 1503; Jean Chap- peau, 1518; Sauveur Vidal, 1537, présenté par Jean de Talaru; Nicolas Du- rand, 1579, etc. Tous ces noms sont cités dans les registres capitulaires. Pierre d'Aubenas, peintre verrier, fut aussi employé par la ville « pour les écus- sons, paincture et accoustrement des verrières de l'hôtel de ville ». En 1494, il peignit, de concert avec Jean Prévost et Jean Bourdiohon, le célèbre miniaturiste, des bannières pour l'armée de Gharles VIII.