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I A PROPOS D'UNE TRADUCTION D'HORACE Entre tous les poètes de l'antiquité, pas un ne jouit, en France, d'autant de faveur qu'Horace. Combien de fois, depuis la Renais- sance, n'a-t-il pas été traduit, imité, commenté, traduit en vers surtout, preuve d'une prédilection plus tendre. Dire pourquoi nous aimons si fort Horace, pourquoi tout Français tant soit peu lettré et qui relit un auteur latin après les années de collège, réserve cet1 effort pour l'ami de Mécène, ce serait essayer, après mille autres, lin portrait, une histoire de cet esprit si charmant et si sensé. A qui voudrait voir cette peinture ressemblante et vivante, de telle façon que le poète s'y reconnaîtrait comme dans un miroir, nous rappellerons le récent tableau d'un maître aussi français qu'Ho- race. Celui-là n'a qu'à laisser courir sa main pour écrire et peindre comme l'auteur des Êpîtres. On ne saurait trouver nulle part, chez les érudits et les critiques, le véritable Horace aussi enjoué, aussi plein de sel et d'indulgence, de raison, de bonté et de. charme, que dans cette dédicace qui précède la traduction de Jules Janin. Quel critique a jamais fait un pareil feuilleton sur un poète? Je dis feuilleton et je devrais dire épitre. Horace la tradui- rait en vers tout naturellement, et, sauf les éloges qu'elle lui donne, croirait l'avoir" pensée. Je l'entends lui-même, en lisant Jules Janin. Vous tous qui aimez Horace et qui désirez l'aimer plus