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14                    LA REVUE LYONNAISE
frappés, une foule de vérités simplement entrevues qui n'ont pu
composer la science.
   Or, en dirigeant l'observation sur la classe entière des phéno-
mènes passifs que nous sentons s'élever en nous, une nouvelle dis-
tinction né tardera pas- à s'introduire. Visiblement, se découvrent
deux grandes sources de ces phénomènes indépendants de nous.
L'une vient de la nature extérieure, l'autre vient de ce qu'on me
permettra d'appeler provisoirement le monde surnaturel. La"con-
science, pour peu qu'elle s'interroge, se reconnaît ainsi munie d'un
double sens. Au moyen du premier, elle entre en communication
avec le monde physique des corps et reçoit les impressions dont
nous pouvons en être affectés; au moyen du second, elle est en
communication avec le monde métaphysique ou de l'esprit, et re-
çoit pareillement les notions qui s'en échappent. Pour se repré-
senter cet état par sa figure la plus haute, il faut se reporter un
instant à la magnifique conception de Malebranche, d'après la-
quelle l'àme est unie supérieurement avec Dieu et inférieurement
avec le corps. L'union avec Dieu devrait assurément la faire parti-
ciper, dans la mesure où une individualité bornée le rend possible,
à cet infini, à cette raison universelle, à cette vie parfaite qui forme
l'essence divine, tandis que l'unionavec le corps et avec la région
des corps lui amènerait un ordre d'impressions plus spécialement
appelées sensibles. Il est naturel de penser qu'à cette double
union, si elle existe, est approprié en nous un double sens : sens
intime ou divin, pour nous faire passer les vérités générales, sens
externe pour nous transmettre les représentations des choses par-
ticulières. Nous essaierons ainsi de faire voir que l'homme, cette,
extraordinaire créature placée sur la limite de deux mondes, a lin
sens pour frayer avec chacun. Nous reviendrons à la théorie du
sens divin proposée par le P. Gratry. Nous y reviendrons, non
point par des effluves mystiques qui ne mèneraient qu'à une hypo-
thèse, mais par une marche expérimentale que quelques observa-
tions peuvent facilement guider. * '
   Ce point fermement établi, les principales difficultés de la psy-
chologie se trouveront résolues, et le rôle de la volonté pourra
se laisser clairement apercevoir. Approfondir le jeu de cette
faculté, déterminer son rôle essentiel dans les opérations logiques,