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DES DIVERS S Y S T È M E S DE PSYCHOLOGIE 11 elles admettent des facultés de l'âme multiples, elles résolvent cette multiplicité dans l'unité. D'une manière ou de l'autre, l'unité se restitue. Les péripatéticiens, qui reconnaissaientdiverses facultés de l'âme, avaient posé la question de savoir si ces facultés étaient substantiellement différentes, ou si elles n'étaient que les modes 'd'une même substance1. C'est sous cette forme d'unité qu'en gé- néral la philosophie les considérait. Il est clair qu'on eût blessé la simplicité de l'âme en pensant autrement. Mais c'était mettre entre, elles une unité bien faiblement liée que de se borner à effectuer leur réunion modale dans le sein de la même substance. L'unité n'était-elle pas plus intime, plus directe,plus profonde? La plupart des théories psychologiques le tenaient pour constant, et l'unité, ainsi a tout le moins restituée, semble n'avoir jamais manqué des hom- mages de la philosophie. Nous avons vu ce qu'il fallait penser de ces divers essais de réintégration de l'unité. La solution d'Aris- tote, qui a été reprise par. Garnier, tente vainement de concilier l'indépendance des facultés avec leur pénétration mutuelle. La circumincession des facultés du P. Gratry n'est que le déplace- ment illogique d'un mystère. Enfin la solution de saint Augustin, qui ne voit dans les diverses facultés que des relations de l'âme à des actes différents, pressent l'unité qu'elle est dans l'impossibilité d'expliquer. Ne nous est-il pas permis maintenant de conclure et d'indiquer sur quelles bases l'unité pourrait être fondée? Si nous avons réussi à signaler les défauts et les lacunes des divers systèmes psychologiques, à mettre en relief les grandes vé- rités qui peuvent être considérées comme définitivement acquises et celles qui attendent encore d'être dégagées par la science, nous avons ainsi montré la voie nouvelle et féconde qui s'ouvre aux re- cherches philosophiques. 11 s'agit de restituer à la volonté son véritable rôle, son influence prépondérante, non seulement comme trait saillant et caracté- ristique de la personne humaine, mais comme puissance essen- tielle, comme unique faculté de l'âme. On ne lui a donné jusqu'ici, dans la classification psychologique de nos facultés, qu'une sorte 1 De Gérando, Histoire comparée des systèmes de philosophie, IV, page 480,