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12 LA REVUE LYONNAISE " de place inférieure et d'arrière-rang, en considérant comme plus essentiel à l'homme l'attribut de la raison. Le rôle si important de la volonté dans les opérations intellectuelles n'a jamais été clairement défini. Il faut une analyse plus exacte et plus com- plète qui la remette à sa véritable place, et qui établisse sur des bases définitives l'unité de la science psychologique. Un philosophe original et profond a déjà frayé la voie et entre- pris cette œuvre de restauration du principe de la volonté. Sa tentative a mis son nom en honneur, et n'a pas eu d'autre succès. C'était pourtant une sorte d'à -propos, de mouvement harmonique et réglé dans la marche de la philosophie qu'au moment où la notion de force semblait s'accepter pour l'explication de la nature physique, ce qui se passe au fond de l'homme fût ramené à la no- tion de volonté. Entre force et volonté, il y avait quelque chose qui se répondait. Mais la philosophie éclectique, qui florissait alors, représentée par des esprits êminents, et qui disposait en France des opinions, s'était prononcée contre l'espèce de réforme dont Maine de Biran levait en psychologie le drapeau. On n'avait pas goûté cette doctrine de la volonté, qui portait un certain air déplaisant de stoïcisme. Elle choquait secrètement les élégances favorites du sentiment qui aimait à se répandre dans la littérature, l'art et l'histoire. Cousin, mieux préparé que personne, par sa théorie de la raison impersonnelle, à admettre que la volonté faisait le fond de la personnalité humaine, avait opposé à Maine de Biran une cri- tique aussi péremptoire que respectueuse. Il avait reproché à ce philosophe d'avoir méconnu dans l'homme la faculté supérieure de la raison, peut-être sans prendre suffisamment garde que Maine de Biran ne méconnaissait pas la raison, et la regardait toujours comme adjointe à la nature humaine, mais, sans la subordonner, la mettait à une autre place. Cette réfutation était restée maîtresse du terrain. Depuis, la cause a paru jugée, et un ordre de r e - cherches qui pouvait dans tous les cas rendre de si utiles services à la psychologie a été totalement abandonné. C'est cette trace interrompue que nous nous proposons de re- prendre en développant, les considérations qui ont servi de fonde- ment à notre critique, Sans viser à donner un traité complet sur la matière, à écrire une monographie proprement dite de la vô-