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                            SOCIETES SAVANTES                                     457
 poser les résolutions suivantes: 1° Le prix Richard sera désormais triennal et se
  composera d'une somme de trois cent francs représentée par un livret de la
  Caisse !_d'épargne ou par un titre de rente sur l'état ; 2° ce prix sera accordé
 indistinctement au sous-maître ou à la sous-maîtresse d'un établissement libre
 laïque, primaire ou secondaire, qui sera resté attaché" au moins trois ans à la
 même maison, à la satisfaction du chef de la maison ; 3° le pris sera décerné,
 s'il y a lieu, dès l'année 1882. Ces propositions sont adoptées.
     M. Nolot lit une pièce de vers envoyée par M. Louis Bonnel, membre corres-
 pondant. Ces strophes sont vivement applaudies.
     M. Yerney reçoit la parole pour lire quelques pages des Réflexions philoso-
 phiques sur la bonne volonté et la science, et sur leur rôle respectif flans la
 destinée humaine. L'auteur se demande si les savants contemporains ne se
 trompent pas en présentant le savoir comme le dernier mot de ce qui est beau et
 bon et s'il convient véritablement de retourner le vieil adage chrétien et de
  s'écrier : « Cherchez d'abord la science, le reste vous sera donné par surcroît. »
  Il estime qu'il y a un élément important que négligent ces savants, c'est celui
 que Kant a désigné par ces mots : « la bonne volonté. » La science ne peut pas,
 comme elle le prétend, suffire à réaliser le bonheur de l'homme sur la terre. Le
 seul bonheur conciliahle avec elle est un bonheur négatif, abstrait, une sorte
 d'apathie épicurienne ou d'ataraxie stoïcienne. On ne voit pas la différence qu'il
y aurait entre cet état, s'il était réalisable, et la non-existenee pure. Au lieu
de cette doctrine, désolante et absurde, si nous nous éclairons aux lumières de
 « la bonne volonté », nous voyons que les sociétés actuelles sont provisoires,
que bien loin d'aller vers le néant, elles marchent vers l'infini, dont tout notre
être subit la puissante attraction. Au lieu de chercher une explication difficile du
monde dans une nécessité aveugle, nous la trouvons beaucoup plus simple dans
la bonté infinie du Créateur qui veut que nous fassions tout par bonne volonté,
parce que c'est ainsi qu'il a tout fait lui-même. La bonne volonté est seule ca-
pable de nous guider dans la question de notre origine et de nos fins dernières,
dont la solution scientifique pure est impitoyablement négative. Tout en nous
apprenant que le bonheur pour lequel nous sommes faits n'est pas de ce monde,
c'est encore elle qui réalise le mieux ici-bas l'idéalde la destinée humaine. Enfin,
s'il y a une conciliation, possible entre la bonne volonté et la science, et cela doit
être, c'est au soiu de la bonne volonté et non au soin de la science qu'elle pourra
se faire.
    Après le règlement des questions de visites officielles au 1 er janvier, de séance
d'élection ou de séance publique, M. le Président lève la séance.

  Séance du 12 janvier 1882. — Présidence de M. Bonnel. — L'ordre du jour
appelle les élections pour l'année 1882 ; sont nommés :
  Président : M. J. BONNEL;
  Vice-président : M. PICTET ;
  Secrétaire-général : M. MATHEY;
  Secrétaire-adjoint: M. NOLOT;