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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE 443 * * * Le Récit du grand-père, de Georges "Vicaire, est une plaquette d'une centaine de vers frappés au bon coin et respirant l'amour le plus pur de la patrie. Bien simple est le sujet : un vieillard plus qu'octogénaire raconte à son petit-fils la mort de son père, franc-tireur fusillé par les Prussiens, et de sa mère tuée d'un éclat d'obus ; souvenir d'Alsace, comme dit le sous -titre : L'aïeul reprit sa pipe, et regarda dans Pâtre La flamme tournoyer en tourbillon rougeâtre. Sentant monter la haine à son cœur, le gamin Prit la main du vieillard dans sa petite main, Et dit, les yeux mouillés de larmes d'espérance : « Grand-père, je les hais, puisque j'aime la France ! » Honneur au poète qui sait faire entendre aux jeunes généra- tions la voix vengeresse de la patrie en deuil. Grande et généreuse tâche que de raviver en nos âmes la honte de la défaite pour pré- parer plus sûrement la revanche ! L'Allemagne a eu un barde, Théodore Kœrner, qui, pendant de longues années, a soufflé aux Germains la haine de l'ennemi héréditaire. Pourquoi M. Georges Vicaire ne prendrait-il pas comme devise celle du poète allemand : Lyre et épée ? En suivant la route dont nous parlons, il est permis d'espérer qu'il se couvrirait d'une noble et patriotique gloire. * A tous ceux qui vont faire le voyage d'Italie, je conseillerai de lire, avant de s'embarquer, et d'emporter dans leur valise le livre de M. Bournet. Dans ces pages écrites d'un style sobre et mesuré, exemptes d'exagération, originales, l'écrivain fait revivre la grande morte, la reine déchue de l'Adriatique pleurant, assise au bord du Canal grande, ses splendeurs d'autrefois. M. Bournet a re- cueilli tout ce qu'en ont dit les voyageurs, il a condensé leurs appréciations, il les a réunies. Guide consciencieux et fidèle, il