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444 LA REVUE LYONNAISE nous promène à travers les merveilles entassées par les siècles dans la cité des lagunes, parmi les débris de ses richesses et de sa gloire. Il décrit les magnificences de la grande école vénitienne, il fait l'histoire des palais de marbre, aujourd'hui silencieux et vides, autrefois tout retentissants du bruit des fêtes. Certes, elle n'est plus cette Venise que nous a peinte, dans son livre intéressant comme un conte de fées, l'aventurier Casanova. Ses courtisanes superbes, ses grandes dames amoureuses, ses galants seigneurs, son doge et son mystérieux conseil des Dix, le temps a emporté tout cela. Les couleurs éclatantes, les tons chauds des costumes, des ameublements se sont effacés ; mais au milieu de notre siècle incolore, épris des teintes sombres, amant du gris, il nous plaît de nous reporter par instants à ces époques disparues, toutes pleines de poésie et de pittoresque. Sans la connaître, je l'aime, cette ville, où, dans le silence, la pensée peut suivre son rêve flottant et insaisissable; où l'on croit voir, dans le demi-jour des jalousies fermées pendant les après-midi brûlantes, tourbil- lonner le mirage indécis des glorieux morts, des maîtres de la mer, et des signore aux yeux pleins de flammes. J'ai eu du plaisir à m'oublier, pour un instant, au souvenir de ces temps presque fabuleux, en parcourant le livre de M. Bournet. Un voyage rétrospectif de ce genre nous reporte bien loin des jours présents. Trop tôt, hélas ! la froide réalité reprend son empire 1 trop tôt, la couverture jaune de Pot-Bouille, apparue flamboyante à la devanture d'un libraire, nous rappelle quelle est, au dix-neuvième siècle, la note caractéristique de l'art! * Nous croyons pouvoir recommander sans restriction à nos lec- teurs les intéressantes publications de la librairie Ch. Delagrave. . Le Saint-Nicolas, journal illustré pour garçons et filles, jus- tifie pleinement la devise qu'il a prise : Instruire en amusant. Non seulement ses jeunes lecteurs de l'un et de l'autre sexe y trouve- rontforce contes, historiettes, fantaisies, poésies, mais encore des sujets de concours qui leur sont ouverts à tous : ce sont des his- toires à raconter, des fragments en langues étrangères à tra-