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438 LA REVUE LYONNAISE archevêque de Lyon, était en ce temps-là le rendez-vous d'un grand nombre de lettrés, surtout d'esprits forts, qui trouvaient dans nos typographes une complaisance dont les uns et les autres eurent, plus d'une fois, à se repentir. Jamais la presse n'avait été plus féconde et aussi plus licencieuse. Les professeurs du collège de la Trinité qui avait pour principal Barthélémy Aneau, poète, traducteur et romancier, sympathisaient avec les novateurs, et la réforme faisait de rapides progrès, surtout dans le Dauphiné. Afin de mettre une digue à ce torrent, François P r rendit, le 2 décembre 1541, une ordonnance qui contint un règlement pour l'imprimerie de Lyon, et qui défendit de publier aucun livre sans la permission du grand scel, mais cette ordonnance ne fut pas mise à exécution, du moins immédiatement. Les plus habiles graveurs étaient associés aux imprimeurs. Voir les fleurons, les frontispices et les estampes composés pour les libraires, principalement depuis le règne de François Ier, c'est assister à tout le mouvement artis- tique de la Renaissance. Ici, les plus charmantes inventions, les arabesques capricieuses, les entrelacs ou les ornements grotesques ; là , les figures allégoriques ; ailleurs, les termes, les satyres, les oiseaux, les fleurs, enfin les motifs empruntés à l'architecture. Tous les principaux typographes se firent les protecteurs des artistes et les appelèrent à orner leurs splendides éditions. » (Les Beaux- Arts à Lyon. M. Pariset, p. 94.) Mais l'antiquité surtout devint, à cette grande époque, l'objet d'une étude qui alla jusqu'à la passion, jusqu'à l'enthousiasme. Ce fut comme un éblouissement. Statues, monuments, bronzes, mé- dailles, pierres gravées, fragments de toute sorte de l'art antique, on voulut tout voir, tout avoir. Pendant que les érudits cher- chaient dans la poussière des bibliothèques et dans les trésors des églises les œuvres des écrivains de la Grèce et de Rome, les archéo- logues et les historiens fouillaient le sol et exhumaient les débris de l'art antique enfouis depuis dix siècles. Les écrivains s'en in- spiraient pour leurs travaux littéraires. Les architectes, dédaignant peut-être trop notre grand art national, qui avait enfanté nos cathédrales, nos cloîtres, nos verrières et notre splendide orfè- verie, créaient un style un peu lourd, il faut le dire, mais dans lequel se révèle le goût le plus suave, la plus riche imagination, et