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                  LES CHAMBRES DE MERVEILLES                                   435
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les œuvres. C'étaient Louise Labé , dite la Belle Gordière, le dia-
mant le plus beau de la couronne poétique de Lyon ; Marie de
Pierre Vive, Dame du Perron, femme d'Antoine de Gondi; Louise
Sarrazin ; Philiberte de Fuers, dame des Tours et de la Bastie ;
Sybille Guilloud, qui charmait par son esprit Anne de Bretagne ;
Claudine Perronne ; Catherine de Vauzelles ; Julie Blanche ; Mar-
guerite de Bourg ; Pernette du Guillet, etc.
    Un grand nombre de ces écrivains se plaisaient à se réunir par-
fois chez l'un d'eux, Humbert Foûrnier, et à deviser ensemble de
littérature et d'art. Dans cette maison d'Humbert Foûrnier, tout •
inspirait le goût du beau, des lettres et des arts. Elle dominait le
riant coteau de Fourvière, et, du haut de cette colline aux frais
ombrages, aux eaux encore murmurantes, la vue se projetait par-
dessus la ville accroupie à ses pieds jusqu'aux sommets neigeux
 des Alpes ; au nord, le Mont-Gindre et le Mont-d'Or, dominaient
 l'étroite vallée dans laquelle coule la Saône paresseuse; au couchant,
 c'étaient les montagnes du Lyonnais, qui encadraient le plus
 gracieux paysage, et au midi, on voyait le Rhône rapide s'enfuir
 à travers la plaine du Dauphiné vers celles de la Provence. Enfin
 le mont Pilât, dont les sources abondantes, captées jadis par les
 Romains, avaient été amenées à Lyon dans les immenses aqueducs
 ruinés par les Sarrasins, se dressait au sud au milieu des brumes
 des vallées qu'il dépasse. Dans le jardin de la maison étaient ran-
 gés avec art des cippes, des stèles, des statues, des tombes antiques
 dont les inscriptions ont été si précieuses pour les historiens lyon-
 nais, et dont le président de Langes accroîtra encore le nombre,


  1 Paradin, le doyen de Beaujeu, n'a pu s'empêcher de parler avec une grande ad-
miration de Louise Labé et de Pernette du Guillet, dans son Histoire de Lyon,
p. 355. « En ce siècle et règne florissaient à Lyon, dit-il, deux Dames, comme des
astres radieux et deux nobles etverlueux esprits, oupluslot deux syrènes, toutes deux
d'un grand amas et meslange de très heureuses influences et les plus clairs enten-
dements de tout le sexe féminin de tout temps. L'une se nommoit LoyseLabé. Ceste
avoit la face plus angélique qu'humaine ; mais ce n'estait rien à la comparaison de
son esprit, tant chaste, tan-t vertueux, tant poétique, tant rare en scavoir qu'il
sembloit qu'il eust esté créé de Dieu pour estre admirée comme un grand prodige
entre les humains.
   « L'auslre Dame estoit nommée Pernette Du Guillet toute spirituelle, gentille et
très chaste, laquelle a vescu en grand renom de tout meslé scavoir et s'est illustrée
par doctes et émineutes poésies pleine d'excellence de (ouïe grâce. »