page suivante »
LES CHAMBRES DE MERVEILLES 433 Champier, Claude de Bellièvre et l'archevêque de Lyon « propo- sèrent au consulat, nous dit Ménestrier1, pour le profit du peuple, la fondation de ce beau collège de la Trinité, regrettant de voir mourir à Lyon l'exercice des lettres et s'efforçant de l'y ranimer ». Le consulat agréa cette demande et décida « qu'on ne devait parler au susdit collège de la Trinité que le grec et le latin, excepté dans les basses classes où les petits enfants, lesquels vault mieux qu'ils parlent bon françois que s'accoustumer au barbare et mau- vais latin ». Les enfants pauvres doivent être enseignés gratuite- ment, et, en outre, « tous les gens de lettres passants, allants et venants, tant de çà que de là des monts ou à Tholoze, seront reçus par honneur, et aux pauvres sera aydé de la passade. » Sollicitude touchante de nos pères pour les jeunes gens pauvres et studieux, obligés d'aller chercher loin de leurs foyers l'instruction qu'ils ne pouvaient pas y recevoir. Le collège fut confié à des laïcs, mais leur incapacité et leur insuffisance furent telles que bientôt il n'y eut plus que neuf pen- sionnaires, et l'économe ne savait ni lire ni écrire. Le consulat en chargea alors les Jésuites, et on sait à quel degré de splendeur ils surent bientôt porter le collège de la Trinité, et plus tard, le Petit Collège, fondé quelques années après dans le quartier Saint- Jean. Quant aux hommes d'élite qui se distinguèrent alors dans les lettres, ai-je besoin de citer toute cette pléiade ? Qui ne sait que, dans les lettres, c'étaient Aneau, le malheureux principal du collège de la Trinité, massacré par la populace qui le suspectait d'hérésie, l'ami de Marot et de Millin de Saint-Gelais, écrivain des plus féconds, et qui eut pour successeurs au collège Antoine Milieu, Ménestrier, Colonia, Pierre Brulloud, Jean de Bussières, François Pomey, Joubert, Cellières de Charles, Fabri, Raymond, etc. C'étaient encore Claude de Bellièvre, né en 1507, mort en 1557, premier président du Parlement de Dombes, et ses deux fils, non moins célèbres que lui, Symphorien Champier, médecin renommé, écrivain fécond; Lazarre Meyssonnier; Pierre Tolet, né en 1502, mort à Lyon après 1582 ; les deux Spôn et même Rabelais ; Gabriel 1 Hist. civ. et eons. de Lyon, par Mènes'rier, Lyo:i, 1696. MAI-JUIN 1882. — T. III 29