page suivante »
420 LA R E V U E L Y O N N A I S • (p. 114) parle d'une maison située non loin de la fontaine delà Chana, « laquelle, dit-il, est remarquée par ceux qui aiment le dessin, par une peinture à fresque du Petit Bernard, mais il n'en reste plus que des ombres légères d . » Notons aussi qu'à cette grande époque le luxe du mobilier des appartements se développa avec rapidité et un goût parfait chez tous les négociants promptement enrichis par le prodigieux accroissement de leur commerce. Il se forma même.alors a Lyon une école d'ébénisterie, dont on a pu admirer de splendides pro- duits à l'Exposition rétrospective de Lyon, en 1877. Cette école se distingua surtout par le goût parfait de l'ensemble, l'habileté du dessin, la sobriété des détails, le fini des sculptures en bas-relief, des vantaux et des cariatides qui ornent généralement les buffets et les armoires de cette époque. Tout en s'inspirant de l'art italien, les artistes lyonnais semblent avoir évité, avec soin, de copier cette exubérence d'ornements d'un goût douteux qui caractérise trop souvent l'ébénisterie italienne. Encore moins ont-ils imité les formes étranges des œuvres allemandes de la même époque2. 1 Cet usage de couvrir de peintures les façades des maisons se conserva assez longtemps. Glapasson cite dans sa Description de Lyon (p. 21) la maison de M. Delafosse de Seynas, au coin de la place Bellecour et de la rue Sainte-Marie. « C'est une des premières maisons de la ville, dit-il, qui ait eu de la régularité et de l'apparence. Les dehors avaient été peints avec art, par un élève de Blanchet et sur ses dessins. Il s'en est conservé encore une partie du côté du jardin. » N'oublions pas non plus de citer les grandes peintures murales qui ornaient la grande cour du collège de la Trinité. Ces peintures furent exécutées en 1662, par Blanchet et Dupuy, mais le climat rongeur de Lyon les a rapidement effacées, et on ne les connaît que par la description qu'en a donnée le P . Ménestrier dans son livre : le Temple de la sagesse ouvert à tous les peuples ; dessin des peintures de la grande cour du collège de la Sainte-Trinité'. Lyon, chez Antoine Molin, 1663. Les peintures murales dans l'intérieur des maisons devinrent aussi à la mode sous Louis XIII et Louis XIV. On en retrouve encore quelques traces dans plusieurs hôtels du quartier de Bellecour. Dans l'hôtel de LaTourette, le vestibule était orné de très beaux camaïeux peints à l'huile par Sarrabat père. Le plafond de ce vestibule ainsi que celui de l'escalier, étaient du même artiste, lequel avait peint aussi plusieurs tableaux qui décoraient les appartements. La maison peinte par Petit Bernard appartenait à la ville qui l'avait acquise d'Antoine Couet, comte de Montribloud, en 1662 (Arch. de l'Art français, par MM. Rolleetde Montaiglon, 1862). Le vrai nom du Petit Bernard est Salomon Ber- nard. On le croit élève de Jean Cousin. Il s'est occupé de peinture et d'architecture. Son traité sur la perspective n'a pas été publié ; il a dessiné les tapisseries qui exis- taient encore, en 1675, dans l'église Saint-Paul. ' 2 Voir YExposition rétrospective de Lyon en 1877, par M. Vachez, avocat (Lyon, 1877, p. 22).