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412 LA REVUE LYONNAISE l'État, là politesse est donc un bien, parce qu'elle est une qualité precieusi, une perfection, acquise, parce qu'elle assure entre les hommes la paix et rend plus facile le bonheur. Pour l'individu, elle est une contrainte salutaire, qui fortifie son activité, aiguise son esprit, en adoucissant son cœur; elle lui assure une précieuse récompense, l'estime de ses concitoyens. Pour la société, elle facilite les relations, rapproche les classes, prévient les haines sauvages des affranchis ou des prolétaires, parce que la vraie politesse ne va pas sans la bonté et la bienveillance. En outre, elle est, comme beaucoup d'autres habitudes, un effet, une cause de la civilisation. Elle est, pour les peuples, un moyen de satisfaire cette belle passion humaine de la gloire, qui n'est pas autre chose que le désir d'être aimés et enviés de nos descendants. Dans la famille, la politesse est un des plus sûrs moyens d'as- surer la durée de l'affection en maintenant les dehors du respect. Or, la forme a une bien grande influence sur le fond, et le maintien d'un culte favorise singulièrement la durée de la croyance. Dans l'État, la politesse entre les hommes politiques est un élé- ment de concorde. Elle supprime beaucoup de luttes intestines pour diriger l'aclivité des gouvernants vers les discussions d'af- faires, vers le soin dés intérêts vitaux d'un pays. Partout la politesse est une bonne et excellente chose, qu'il faut garder pour soi, encourager chez ceux qui la pratiquent, désirer chez ceux qui l'iguorent. SAINT-GIRONS.