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384                   LA B E V U E LYONNAISE
 ordres. Je ne médis de personne. Je ne cause pas de trouble dans
 les familles, je ne mens jamais, je n'écoute pas les calomnies. »
    Sur le même sujet, le père Bertrand, missionnaire du Maduré,
 cite différents textes empruntés à Veichiehta, le célèbre pénitent :
    «Une femme ne peut manger qu'après son mari. Si ce dernier
jeûne, elle jeûnera; s'il est gai, elle partagera sa joie ; si elle
 voit rire son mari, elle rira ; s'il est triste, elle sera triste; s'il
pleure, elle pleurera ; s'il l'interroge, elle répondra. En présence
 de son mari, une femme ne doit pas regarder de côté et d'autre,
mais avoir les yeux fixés sur lui, pour attendre et recevoir ses
ordres. Elle doit, lorsqu'il parle, ne pas l'interrompre, ni parier
à d'autres; lorsqu'il l'appelle, tout quitter et accourir, auprès de
lui. S'il chante, elle doit être extasiée de plaisir; s'il danse, le
regarder avec délices ; s'il parle de science, l'écouter avec admi-
 ration .
    « Si son mari se met en colère, la menace, lui dit des injures
grossières, la bat même injustement, elle ne lui répondra qu'avec
douceur, lui saisira les mains, les baisera, lui demandera pardon
au lieu de jeter des hauts cris et de s'enfuir de la maison.
    « Si son mari reçoit la visite d'un étranger, elle se retirera la
tête baissée, et continuera son travail sans faire la moindre atten-
tion à céluirci. Elle doit penser à son mari seul, et ne jamais
regarder un autre homme en face. Si elle voit les dieux les plus
beaux, elle les regardera avec dédain et comme ne méritant pas
d'être mis en parallèle avec son mari.
    « Elle aura soin de balayer tous "les jours la maison, d'en frotter
le pavé avec de la bouse de vache ; elle tiendra les vases propres
et préparera les mets pour l'heure précise des repas. Si son
mari est sorti, elle épiera le moment de son retour pour aller
au devant de lui, l'introduire dans la maison, le faire asseoir
sur une natte et'lui servir des mets apprêtés selon son goût.
    « Mqins attachée à ses fils et à ses joyaux qu'à son mari, elle doit,
à la mort de son mari, se laisser brûler vive sur le même bûcher
que lui. » ,
   Ainsi, une âme poursuivie jusque dans la liberté secrète de la
censée, un corps courbé sous des travaux serviles, une telle abdi-
pation devant le mari qu'elle doit en tout temps modeler son