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340     »             LA REVUE-LYONNAISE
 ordre, à la notion du devoir et à des considérations pratiques. Mais,
 si c'est seulement sur la question du beau et sur les questions
 analogues qu'il veut tout ramener au sujet, si, sans nier l'objectivité
 des choses, il se borne à nier l'objectivité de la beauté^ nous lui
 tiendrons le langage suivant :
    Vous ne niez pas que pour provoquer en vous l'émotion esthé-
tique il ne faille un objet distinct de vous. Vous concédez, d'autre
part, qu'il y a quelque chose de commun dans vos émotions, mais
vous rapportez au sujet cet élément commun.. Nous concédons à
notre tour que l'esprit humain a des manières propres de sentir
qu'il a, si vous le voulez, dans le cas qui nous occupe, un pouvoir
spécial d'éprouver des émotions esthétiques, c'est-à-dire une
véritable faculté esthétique, et que cette faculté impose une forme
commune a tout un ordre d'émotions.
    Mais, pour que cette puissance soit mise enjeu, il faut qu'elle
le soit par ce pour quoi elle est faite, par ce qui correspond à sa
nature. Pour voir, il faut avoir des yeux, mais il faut aussi
avoir quelque chose à voir, des vibrations extérieures à l'œil et
cependant appropriées au phénomène de la vision. L'œil seul ne
verrait pas, s'il n'avait rien avoir. Il ne verrait pas davantage s'il
n'était en contact, par exemple, qu'avec les ondulations atmosphé-
riques qui constituent le son. De même la faculté esthétique ne
produira l'émotion esthétique que si elle se trouve en présence
d'un objet et d'un objet convenablement adapté à sa fonction. La
beauté, telle que nous la ressentons, n'est pas complètement dans
les choses ; elle n'est pas non plus complètement en nous-mêmes.
Il y a un principe répandu dans les choses belles, et ce principe,
qui n'est pas encore la beauté, est cependant tel que, dans des circon*
stances déterminées, il est susceptiblede mettre enjeu notre faculté
esthétique. Le concept unique de beauté que nous appliquons à toutes
les choses belles représente donc MM principe extérieur â nous et
un pouvoir particulier d'éprouver certaines émotions. La beauté,
telle qu'elle nous est donnée, a donc une matière et une forme, mais
on peut retrouver tout aussi bien une matière unique qu'une forme
unique dans les différents genres de beauté. Cela suffit pour con-
stituer une esthétique théorique. S'il y avait autant de beautés
différentes que de choses belles, l'art serait du hasard ou de la