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        DU BEAU ET DE L'ART


   Il nous est arrivé bien souvent, en face de quelques-uns des
multiples spectacles que nous offre la nature, de donner carrière
à notre admiration, de penser et même de nous écrier: « Que
cela est beau ! » Qui resterait insensible devant certains paysages
tour à tour riants ou sublimes! Qui ne retrouverait pas la beauté
dans l'ordre systématique d'une fleur, même dans une fleur sau-
vage qui croît entre deux rochers, comme aussi dans les merveil-
leuses harmonies du ciel étoile? Ya-t-il enfin un homme qui ait pu
retenir un cri d'admiration lorsque, pour la première fois, il a été
mis en présence du grand spectacle de la mer ?
   La mer, le ciel étoile, certains sites, la plus humble fleur tout
comme la forêt sombre et majestueuse , tout cela est beau. Nous
retrouvons encore la beauté dans les animaux. Un cheval aux
souples contours se présente à nos yeux dans cette attitude à la fois
fièreet gracieuse qui trahit la noblesse de son sang; nous disons :
« Voilà un beau cheval. » Cette beauté, nous, l'accordons sous
d'autres conditions au chien, sous d'autres encore à ce roi du dé -
sert qu'on promène tristement pour notre plaisir derrière les bar-
reaux d'une cage, si la captivité n'a pas fait disparaître les marques
de sa royauté.
   Mais rien ne semble à l'homme plus beau que la beauté hu-
maine. La beauté de la femme provoque l'amour, et la beauté de la
femme aimée se projette sur tout ce qui l'environne. Elle embellit
       MAI-JUIN 1882. — T. III                               23