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332                       LA REVUE LYONNAISE
pu être utilisé que lorsque la civilisation a été assez avancée pour lui assurer sa
 subsistance, tandis que l'âne beaucoup plus sobre s'est facilement acclimaté. Au-
jourd'hui encore les chevaux sont rares en Egypte et ne vivent pas longtemps. Il
faut les faire venir d'Asie, de Tunis ou même d'Europe.
    M. Faure ne voit pas pourquoi M. Cornevin veut faire coïncider la domesti-
 cation du cheval avec l'apparition des mors de bronze. On trouve des chevaux en
 quantité à des époques où il n'y a aucune trace de bronze ; il cite entre autres la
 station de Solutré, où on rencontre les ossements de plus de quarante mille che-
 vaux qui ont servi à l'alimentation. Pourquoi les peuples de cette époque n'au-
raient-ils pas employé pour dompter le cheval un mors fait d'une matière plus
primitive, une lanière de cuir, par exemple, ainsi que le font encore actuellement
les Gauchos d'Amérique. Cette supposition ; est d'autant plus acceptable qu'on
trouve dans les stations préhistoriques des pierres percées qui doivent avoir servi
à fabriquer des lassos, armes encore eu usage en Amérique pour prendre les
chevaux sauvages et autres animaux.
   M. Chantre fait remarquer que les mors de bronze se rencontrent dans les pa-
laffites de la Suisse et clans d'autres stations, telles que, par exemple, à Lons-Ie-
Saulnier, avec des objets incrustés de fer qui appartiennent à la fin de l'âge de
bronze; ils ne sont donc pas contemporains de l'apparition de l'âge de bronze.
   M. Cornevin répond aux objections de ses adversaires. II est frappé des carac-
tères particuliers des types égyptiens présentés par M. Guimet ; l'homme aux
yeux bleus et aux cheveux blonds doit être évidemment de race aryenne et non de
la race sémite à laquelle on rattache ordinairement les Égyptiens. Il y a là un
problème curieux à étudier. Quant à ce que M. Guimet a dit de la difficulté d'ac-
climater le cheval dans l'ancienne Egypte et du peu de durée de son existence,
même dans les conditions actuelles, il n'a pas de documents à opposer ; mais il
sait cependant que, depuis dix ans, le gouvernement français achète en Egypte
les chevaux nécessaires à sa colonie de Cochinchine, ce qui prouverait la résis-
tance de cette race; car ceux qui proviennent de n'importe quelle autre contrée
ne peuvent pas s'acclimater en Cochinchine.
  A M. Faure, M. Cornevin répond qu'il n'a jamais eu l'idée de nier que les
peuples préhistoriques de l'âge de pierre eussent connu le cheval sauvage et
qu'après l'avoir chassé comme gibier, ils ne l'aient domestiqué comme animal
de boucherie ; mais il soutient que ce n'est qu'à l'âge de bronze qu'ils ont pu s'en
servir comme moteur. 11 est convaincu que le cheval a servi à traîner des chars
avant qu'on l'ait momé. Il entre dans des détails sur la forme des mors primitifs
et soutient que les mors d'or et de corne de cerf sont postérieurs à l'emploi de
ces premiers mors de bronze. Ce n'est (du reste) pas la domestication du cheval
qu'il a voulu rapprocher de l'usage du bronze, mais son emploi comme moteur.
C'est là le titre du Mémoire détaillé qu'il a écrit sur ce sujet, et dont il a fait un
résumé dans la dernière séance de la Société.
  M. Faure déclare que, devant ces déclarations de M. Cornevin; il doit recon-
naître que ses observations n'ont plus de raison d'être.