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                        E P I G R A P H I E LYONNAISE                            317
des lettres taillé en carré et percé de trous étroits et allongés pour l'introduction
de crampons servant à fixer les lettres de métal, probablement de bronze doré>
qui y étaient incrustées. Deux trous dans l'R: l'un à la jonction supérieure de la
panse à la haste verticale, l'autre vers le bas de cette même haste; un troisième
devait être placé à l'extrémité iuferieure du jambage incliné. De ceux que devait
contenir l'O, il en reste un au sommet de cette lettre, répondant sans doute au-
trefois à un autre placé tout en bas, ou à deux autres répartis à égales distances.
   A gauche de l'R une très large surface vide fait voir,que le mot dont cette
lettre était la première commençait l'inscription.

               Romae et Augusto. = « A Rome et à Auguste. »

   Les fragments découverts en compagnie de celui qui offre ce débris d'une
grandiose et splendide épigraphe, présentent, non des lettres, mais des restes
d'une décoration de guirlandes sculptées en relief et du plus grand stylé. Ces
guirlandes, composées de feuilles de chêne et soutenues par des lemnisques flot-
tants dans les nœuds desquels sont engagées des haches de licteurs, formaient,
à ce qu'il semble, une suite de courbes alternativement plus larges et plus étroites,
dont les plus grandes atteignent jusqu'à cinq mètres de développement. L'ampleur
de ce décor, sa composition significative, la richesse de la matière qui le porte,
la profusion avec laquelle elle a été employée ne permettent pas de supposer autre
chose qu'un magnifique monument en l'honneur d'une divinité ou d'un prince.
   Aucun nom de divinité, si ce n'est celui de Rome ou celui de Romulus, ne
commence par les lettres RO; aucun nom d'empereur, aucun prénom, aucune
formule dédicatoire, aucun nom de peuple dans k s trois provinces représentant
l'ancienne Gaule celtique, ne commence par ces lettres. D'un autre côté, l'on
n'en est plus à douter que l'autel de Rome et d'Auguste, longtemps présumé à
Ainay, ne fût situé sur la colline Saint-Sébastien près de l'amphithéâtre qu'on
sait d'une manière certaine avoir été en propre celui de l'association religieuse
instituée pour desservir le culte de Rome et d'Auguste à l'autel de Lyon.
   Romae et Augusto est donc la seule lecture à la fois probable et possible, et
ses mots, de même que sur la médaille frappée à Lyon à l'usage des trois pro-
vinces, médaille où figure le célèbre autel, paraissent avoir été placés à la partie
supérieure du soubassement au-dessus duquel s'élevait, visible au loin, à mi-pente
de la colline dominant le confluent de la Saône et du Rhône, ce même autel escorté
de ses deux colonnes monumentales et de ses deux colossales Victoires aux
grandes ailes d'or à demi éployées.
   A ce soubassement appartenait vraisemblablement aussi la décoration de guir-
landes dont les haches présentent le symbole de la domination de Rome, tandis
que le feuillage de chêne rappelle le privilège accordé à Octavien en 727, avant
J.-C. 27, en même temps que le nom d' « Auguste », d'avoir l'entrée de sa mai-
son toujours ornée de branches de lauriers en mémoire de ses triomphes, et d'une
couronne de chêne en témoignage de sa clémence après la victoire (Voy. Martin-