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304 LA REVUE LYONNAISE Le lait de vache les satisfait un an ; un vieux bouc, douze ans. Les écrevisses de mer, un rhinocéros, dû miel leur causent un plaisir éternel, ainsi qua les grains dont se nourrit un anachorète. '» « Puisse-t-il naître dans notre lignée, disent les Mânes, un homme qui nous offre du riz bouilli dans du lait et du beurre clarifié, le treizième jour de la lune et dans tout autre jour lunaire, lorsque l'ombre d'un éléphant tombe à l'Est. » Quelques indiens pieux, de jour en jour plus rares, donnent, quand leurs derniers moments sont venus, une vache à un Brahme. Ils croient que le Brahme, en acceptant ce cadeau dans de pareilles conditions, se charge de tous leurs péchés. ' heRamayana, traduit parM. Fauche, décrit ainsiles funérailles d'un roi : « Quant Bharata eut déposé le grand roi dans le cercueil, il jeta sur le corps une robe d'étoffe précieuse. Il répandit des fleurs à pleines mains. Les domestiques du roi tous pleurant marchaient devant la bière, tenant un parasol blanc, un chasse-mouche et un éventail. Devant le monarque on portait le feu sacré que les Brahmes avaient béni. Ensuite venaient, pour être distribués aux malheureux, des chars pleins d'or et de pierreries. Tous les servi- teurs du roi portaient des joyaux de mainte espèce destinés au peuple. Devant le corps marchaient les poètes et les panégyristes, qui chantaient d'une voix douce les belles actions du monarque. Sur les bords de la Carayôu, dans un lieu solitaire, gazonné d'herbes tendres, on se mit à construire le bûcher avec des bois d'aloès et de sandal. Un groupe d'amis, les yeux troublés de larmes, souleva le corps glacé et le coucha sur le bûcher. On jeta dans ce bûcher les 'vases et les autres instruments du sacrifice. Quand on eut immolé une victime pure au chant des hymnes sa- crés, on étala tout autour une grande quantité de mets divers. Bharata, aidé de ses parents, ouvrit avec une charrue, en commen- çant à l'orient, un sillon pour enceindre la terre où se trouvait ce grand bûcher. Ensuite il mit en liberté, suivant les rites, une vache et son veau, et, quand il eut arrosé de tous côtés la pile funèbre avec la graisse, l'huile de sésame et le beurre clarifié, il mit de sa main le feu au bûcher. La flamme se déroula développant ses lan- gues étincelantes et consuma le corps du roi. »