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272 LA REVUE LYONNAISE dogme favori des républicains autoritaires, lui paraît, mis en regard du vote uninominal, essentiellement révolutionnaire ; or, s'il aime extrêmement les réformes, Valëre n'a aucun faible pour les révolutions. Vous voyez si j'avais raison de le considérer comme un rêveur, absolument déplacé au milieu de notre civili- sation moderne et de notre société démocratique. Deux ans avant la publication de ces Lettres de Valère, plus curieuses peut-être encore, examinées à distance des événements qu'elles apprécient, que quand elles avaient l'avantage, parfois équivoque, de l'actualité, Nizier du Puitspelu avait écrit une bro- chure d'une cinquantaine de pages, tirée seulement à cent exem- plaires, sur le Testament d'un Lyonnais au dix-septième siècle. Notre auteur, qui a l'habitude, assez peu répandue, de traiter à fond, et même d'élargir toutes les questions dont il s'oc- cupe, n'a pas manqué ici d'appliquer ses procédés ordinaires. A propos d'un acte testamentaire, soigneusement étudié par lui, il jette un coup d'œil pénétrant sur quelques-uns de ces actes dans l'antiquité ou dans les temps modernes, et il oppose, par exemple, l'imperturbable sérénité des Grecs, dictant leurs dernières volon- tés, au trouble mélancolique des chrétiens, surtout des meilleurs, agissant dans des circonstances analogues. Il est question là d'un François de Mornieu, seigneur de Grammont, dont le bisaïeul était originaire de Belley et qui, demeurant sur la place Bellecour en 1683, n'ayant alors que vingt-huit ans, épousa, cette même année, Marie de Quinson, veuve de Gaspard de Monconis, sei- gneur de Lierges, Pouilly-le -Monial et autres lieux. Celle-ci, lui mort, n'hésila point à se remarier une troisième fois, à Charles de Grollier, écuyer, qui ne la rendit pas fort heureuse, qui dévora une grande partie de sa dot et de ses biens et qu'elle eut d'ail- leurs la satisfaction d'enterrer. Soit qu'il eût cédé aux insinuations de sa femme, soit qu'il se sentît d'une santé débile (et, en effet, il devait mourir à trente-neuf ans seulement), François de Mornieu, dès 1684, rédigea et déposa entre les mains d'un notaire roya