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UN HUMORISTE LYONNAIS < • 273 un testament, par lequel il la nomma sa légataire universelle. L'acte, suivant les pieux usages de l'époque, débutait par un hommage, rendu « à Dieu le créateur, à son fils Notre-Seigneur Jésus-Christ, à la bienheureuse Vierge Marie, aux saints et saintes du paradis », et prescrivait la célébration de mille messes basses en mémoire du défunt, en outre d'une messe basse par jour pen- dant la première année qui suivrait le décès : au total, mille trois cent soixante-cinq messes à huit soûs chacune, prix marqué. François était simplement dans l'aisance : car, lorsqu'il eut hérité de son père, cinq ans après la rédaction de ce testament, il ne devait posséder qu'une fortune d'environ 82,000 livres, équivalant à peu près à 400.000 francs de notre monnaie actuelle et repré- sentée surtout par des prés, des saulaies et le domaine de Gerland à la Guillotière, par un autre domaine à Soucieu, par deux mai- sons sises en Bellecour et enrueJuiverie, enfin par deux écuries et deux fenières à la montée des Récollets. Un fait caractéristique, c'est qu'au moyen âge les canons des conciles ordonnaient à tous les fidèles d'affecter une part de leurs biens, le dixième, dit-on, à des œuvres pies pour le salut de leur âme et que l'Eglise en vint, malgré l'opposition de nos parlements, à refuser là sépulture, non seulement à ceux qui étaient morts intestats, mais même à ceux qui n'avaient laissé aucun legs à la fabrique de leur paroisse. Sans doute cette discipline rigoureuse finit par s'affai- blir; mais la coutume avait persisté et François de Mornieu s'em- pressa de s'y conformer en ordonnant de remettre aux pénitents de la Miséricorde la somme de 425 livres, afin de racheter dix pri- sonniers pauvres, détenus pour dettes, « à la condition qu'ils • fassent dire une messe, qu'ils se confessent et qu'ils communient à l'intention de leur bienfaiteur. » Ce document, si nettement inter- prété, porte bien la marque du temps où il a été formulé. * Nizier du Puitspelu est un franc Lyonnais : il aime sa ville natale (quil'en blâmerait?). Il en connaît le passé; il en regrette plus d'une institution, plus d'un usage. Aussi a-t-il consacré, de AVRIL 1882 — T. III. 19