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                      UN HUMORISTE LYONNAIS                     <
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  un testament, par lequel il la nomma sa légataire universelle.
  L'acte, suivant les pieux usages de l'époque, débutait par un
  hommage, rendu « à Dieu le créateur, à son fils Notre-Seigneur
  Jésus-Christ, à la bienheureuse Vierge Marie, aux saints et saintes
  du paradis », et prescrivait la célébration de mille messes basses
  en mémoire du défunt, en outre d'une messe basse par jour pen-
  dant la première année qui suivrait le décès : au total, mille trois
  cent soixante-cinq messes à huit soûs chacune, prix marqué.
  François était simplement dans l'aisance : car, lorsqu'il eut hérité
  de son père, cinq ans après la rédaction de ce testament, il ne
  devait posséder qu'une fortune d'environ 82,000 livres, équivalant
  à peu près à 400.000 francs de notre monnaie actuelle et repré-
  sentée surtout par des prés, des saulaies et le domaine de Gerland
  à la Guillotière, par un autre domaine à Soucieu, par deux mai-
  sons sises en Bellecour et enrueJuiverie, enfin par deux écuries
  et deux fenières à la montée des Récollets.
     Un fait caractéristique, c'est qu'au moyen âge les canons des
  conciles ordonnaient à tous les fidèles d'affecter une part de leurs
  biens, le dixième, dit-on, à des œuvres pies pour le salut de leur âme
  et que l'Eglise en vint, malgré l'opposition de nos parlements, à
  refuser là sépulture, non seulement à ceux qui étaient morts intestats,
  mais même à ceux qui n'avaient laissé aucun legs à la fabrique de
 leur paroisse. Sans doute cette discipline rigoureuse finit par s'affai-
  blir; mais la coutume avait persisté et François de Mornieu s'em-
  pressa de s'y conformer en ordonnant de remettre aux pénitents de
 la Miséricorde la somme de 425 livres, afin de racheter dix pri-
  sonniers pauvres, détenus pour dettes, « à la condition qu'ils
• fassent dire une messe, qu'ils se confessent et qu'ils communient à
 l'intention de leur bienfaiteur. » Ce document, si nettement inter-
  prété, porte bien la marque du temps où il a été formulé.


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   Nizier du Puitspelu est un franc Lyonnais : il aime sa ville
 natale (quil'en blâmerait?). Il en connaît le passé; il en regrette
 plus d'une institution, plus d'un usage. Aussi a-t-il consacré, de
        AVRIL 1882   — T. III.                                  19