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UN HUMORISTE LYONNAIS 271 mant d'ordinaire toute la moralité et toute l'intelligence d'une cité, d'un canton, voire même d'un département? Il se permet de ne qualifier de conservateurs que ceux qui s'obstinent à conserver en eux l'intérêt du progrès, le sentiment de l'indépendance, l'amour de leurs semblables. En revanche, il pousse la témérité jusqu'à affirmer que le suffrage universel, (ou soi-disant tel, puisqu'il ne s'applique ni aux femmes, niaux mineurs, ni à beaucoup d'autres,) gagnerait infiniment à être revu et corrigé, et son desideratum à cet égard, celui de bien des âmes ingénues, aboutirait tout bonnement à cette triple formule :. le bulletin de vote par écrit, la représentation légitime des minorités, le développement graduel de l'instruction générale. Je vous demande s'il est possible de s'ar- rêter un instant à de pareilles utopies. De même, le bon Valère blâme la centralisation dans ce qu'elle a d'excessif; mais -il la maintiendrait dans tout ce qu'elle a d'utile, dans tout ce que des rois habiles, de grands ministres, des révolutions sérieuses lui ont donné de force et de solidité. Il ne se livre à aucune protestation désordonnée si on lui parle d'enseignement obligatoire et il ne voit pas pourquoi les Français se priveraient à plaisir d'un instrument social, dont presque toutes les nations civilisées usent paisiblement; mais, sur le chapitre de la politique pure, il préfère celle qui est libérale à celle qui n'est que radicale. 11 n'approuve nullement les enterrements civils ; mais il se demande de quel droit l'autorité les empêcherait. Il ne se persuade point que des pèlerinages avec chants liturgiques et bannières immaculées aient pour effet probable de sauver une société qu'on dit être en décadence. La restauration monarchique et la réforme par le communisme sont à ses yeux deux chimères qui se valent; car il ne lui convient de prendre parti que pour ce qui est possible et praticable. Profondément religieux, il a en horreur la superstition et le fanatisme ; l'ordre, l'ordre public (comme le crient bien haut ceux qui ont de ce mot plein la bouche), il ne le cherche, il ne le voit ni dans un amas de mesures répres - sives, ni dans un faisceau de bayonnettes, mais dans la stricte application de la justice ou dans la noble expansion de la charité. Quant aux dictateurs de toutes robes, de toutes couleurs, il n'en veut entendre parler à aucun prix. Enfin le scrutin de liste, ce