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270 LA REVUE LYONNAISE organisée, ces illusions d'honnête homme font sourire. C'est là un moyen infaillible de mécontenter tout le monde, et le seul profit qu'on y puisse gagner c'est de passer pour un original, pour un philosophe, que sais-je ? pour un homme d'esprit, ce qui est la pire injure dans la bouche de heaueoup de gens ! Aussi, écoutez un peu,s'il vousplaît,cet émule attardé de St-Jean- Bouche-d'Or, ce digne descendant d'Alceste. L'empire parlemen- taire, l'empire libéral pousse comme un champignon plus ou moins malsain : chacun de crier au miracle, de bénir la Providence, de saluer les splendeurs de l'avenir ! Lui, il fronce le sourcil, secoue la tête, et attend avant de s'extasier ; vous vous rappelez s'il a longtemps attendu. Après la funeste campagne de 1870, la France voulait repartir en guerre afin de reprendre nos deux provinces perdues; de son côté, l'Allemagne jurait de ne plus les lâcher : Valère demandait qu'on les neutralisât et qu'elles servissent de barrière entre les deux peuples ennemis. Il reste à savoir si les nations neutres, fût-ce la Belgique, fût-ce la Suisse, auront jamais le pouvoir de fermer la porte à un envahisseur. Valère s'est cons- tamment figuré que la République était ou devait être l'avènement aux affaires des citoyens les plus intelligents et les plus moraux; il ose écrire : « La loi m'aura toujours pour serviteur, la réaction; pour adversaire, la liberté pour défenseur. » Il se permet de se moquer de la Commune parce qu'elle lui semble ridicule, au lieu d'imiter tant d'autres qui la flattent par ce qu'ils ont peur d'elle. Il a des amis dans tous les camps, et il leur dit leur fait, à tour de rôle, de manière à les fâcher sans les convaincre : car il se trouve que seul contre eux il a raison. Comme il touche juste principale- ment, quand il démontre que ce ne sont pas tant les gouvernements, les ministères» les chambres qu'il faut modifier, mais bien les mœurs, les idées, les préjugés qu'il conviendrait de transformer ! (jue le drapeau soit blanc, rouge ou tricolore, peu importe, si la nation demeure aussi légère et aussi mobile, aussi passionnée pour les idoles qu'elle se crée chaque matin, aussi prompte à les ren- verser chaque soir I Notre publiciste fait preuve d'une certaine irrévérence à l'endroit des comités électoraux : en quoi il manque évidemment de justice; car, qtli ne sait que ces comités forment une véritable élite, résu-