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                      ACADÉMIE DE LYON                           253
intéressante discussion. La cour pontificale ayant été comprise
dans cette liste de pouvoirs qui s'étaient appuyés parfois sur des
pièces fausses ou des textes altérés, on fait remarquer combien
avant la découverte de l'imprimerie, et avec la latitude singulière
que la transcription des textes par des individus isolés laissait aux
erreurs volontaires ou involontaires des copistes, une foule d'em-
plois abusifs de textes altérés ont pu avoir lieu sans que la bonne
foi de ceux qui s'en servaient doive être mise en cause. M. Caillemer
reconnaît tout le premier que d'un travail tout scientifique il n'a
voulu faire naître aucune accusation, et la discussion se clôt sur
cette étude des étranges vicissitudes qu'ont pu subir, avant d'être
fixés par l'imprimerie, les textes en apparence les mieux établis.
L'Académie renvoie en même temps le savant mémoire de
M. Caillemer à la commission de publication.
   Séance du 7 février. — La séance a été remplie principale-
ment par la lecture de notes de M. Guimet sur son voyage dans
l'Inde. Il a communiqué à la Compagnie la description de la ville
de Madoura, au sud deDekkan, dans l'Indoustan méridional.
   M. Guimet eût été un habile peintre de paysages. Il décrit avec
charme l'effet singulier que produit cette ville, aperçue par lui
un peu avant l'aube, par un ciel admirablement pur ; les deux
extrémités de l'horizon marquées au nord par la grande Ourse, au
midi par la Croix du Sud ; les constellations des deux hémi-
sphères ainsi visibles, grâce à cette situation si rapprochée de
l'Equateur. Au sortir de la gare, à l'entrée des avenues, on
trouve les idoles protectrices des confins et des limites, sortes de
Janus ou de dieux Termes indiens. Plus loin, sous les avenues
ombragées d'arbres, on aperçoit les maisons précédées de leurs
portiques, blanches demeures où la vie s'éveille et où les natu-
rels, vêtus eux-mêmes de blanc, font penser involontairement à
la population des cités antiques.
   La première visite du voyageur fut pour la maison des mis-
sionnaires qu'il trouva presque déserte, occupée par un seul père,
récemment arrivé, et encore peu au courant des choses du pays.
Cette mission a eu son histoire. C'est, en effet à Madoura que les
jésuites découragés de voir la résistance que les hautes classes
indiennes apportaient à'la diffusion du christianisme, surtout Ã