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234                  LA R E V U E LYONNAISE
 elle en serait encore à soupirer après une liberté irréparablement
 perdue et n'aurait point été amenée à rendre justice à son mari
 ainsi qu'au séduisant Adhémar. Le divorce peut donc être utile,
 même à ceux qui ne vont pas jusqu'à le demander. Je ne crois pas
 que M. Sardou ait voulu qu'on fît cette réflexion après avoir vu sa
spirituelle comédie, mais j'avoue qu'il m'a été impossible de m'en
défendre.
    M. Sardou, dans Odette, sa dernière pièce, touche encore, mais
 très indirectement à la question du divorce. Madame Çaverlet
nous montre l'avenir et le repos des enfants compromis par la
situation que faisait à une mère noble et touchante dans sa faute
un père indigne, et sauvés par un divorce inespéré. Nous voyons
dans Odette une jeune fille à la veille de manquer l'établissement
 d'où dépend son bonheur, grâce à l'inconduite notoire de sa
mère.
    Le comte de Clermont-Latour a surpris Odette, sa femme, en
flagrant délit d'adultère et l'a immédiatement chassée de chez
lui. La séparation est prononcée en sa faveur et la garde de
l'enfant lui est confiée. Il élève sa fille Bérengère avec tout le
dévouement, tout l'amour- dont il est capable. Lorsque Bérengère
est en âge d'être mariée, un jeune homme, M. de Méryan se pré-
sente. M. de Clermont-Latour l'accueille avec faveur, mais bientôt
il voit s'écrouler toutes ses espérances. Mme de Méryan la mère
connaît l'histoire d'Odette ; elle sait que cette malheureuse, pas-
sant d'un amant à un autre, vivant même actuellement avec un
chevalier d'industrie, s'affiche dans toute l'Europe. Elle ne veut
pas s'allier à une famille dont le nom peut être un jour irrépara-
 blement souillé par quelque scandale retentissant ; elle rend toute
justice à la haute honorabilité du comte, aux grâces de Bérengère,
mais elle refuse son consentement.
    M. de Clermont-Latour se plaint justement de la situation
absurde, intolérable que crée la séparation :
    « Voilà donc, dit-il, une législation qui nous sépare, elle et
 moi, de corps et de biens, et qui ne comprend pas que son Å“uvre
 n'est complète que si elle nous sépare aussi de nom ! Voilà un
 tribunal qui constate que l'épouse est indigne, que la mère est
 indigne..., qu'on ne peut lui confier ni l'honneur d'un mari ni la