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                             LE DIVORCE                            835
  moralité d'un enfant et qui lui dit : — Rendez tout! — sauf une
  chose pourtant, sauf ce nom qu'on vous a prêté pour une asso-
  ciation domestique... qui n'existe plus. Car il est bien naturel, la
  société détruite, que la raison sociale subsiste; d'ailleurs, vous
  le portez mal, ce nom ! — Gardez-le donc ! Et pour vous punir de
  l'avoir déjà sali,-nous allons vous mettre à même de le salir encore
  plus; soyez effrontée, débauchée, cynique, tout ce qu'il vous
  plaira!... Volez même et passez en police correctionnelle ou en
  cour d'assises... mais gardez-moi bien ce nom-là!... car il faut
  qu'il ait sa part dans toutes les hontes et que vous ne commettiez
  pas une infamie dont votre mari et votre enfant ne reçoivent les
 eclaboussures ! Et cette loi est bien persuadée qu'elle a fait tout
 son devoir. Et c'est à peine s'il m'est permis de lui dire : — Eh
 bien, non ! non ! tu es inique et tu es absurde ! »
     Ces plaintes sont touchantes, cette réclamation en faveur du
 nom n'est que trop fondée. La conclusion nécessaire n'est-elle pas
 le divorce, bien que le mot ne soit pas prononcé ?
     Quand les détracteurs du divorce ne savent plus que dire, ils se
 rejettent sur l'intérêt des enfants. Que deviendront-ils si le père et
 la mère ont le droit de tirer chacun de leur côté? Madame Caver-
 let et Odette me paraissent réfuter cet argument d'une façon
 suffisante en montrant les beaux résultats delà séparation de corps.
Il importe peu de se demander si des cas semblables sont plus ou
moins fréquents; toute la question est de savoir s'ils sont possi-
bles, s'ils se sont présentés. A cela je n'hésite pas de répondre oui,
sans craindre le démenti. Seulement ce n'est qu'au théâtre qu'une
Mmo Merson, pour renvoyer le public sur une bonne impression et
parce qu'il faut bien en finir, peut divorcer à l'étranger au cin-
quième acte, qu'une Odette se suicide pour n'être plus un obstacle
au mariage de sa fille qu'elle a parfaitement oubliée pendant quinze
ans. Dans la réalité, l'époux honnête et les enfants portent avec
toutes ses tristes conséquences, jusqu'au dernier jour, la peine
d'une faute qu'ils n'ont point commise.
    Avant de terminer je ne puis résister au plaisir de citer un pas-
sage de la Question du divorce, ce livre dont je parlais en com •
mençant et où M. Alexandre Dumas répond à M. l'abbé Vidieu :
    « J'ajouterai, maintenant, puisque les exemples particuliers