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                           LE DIVORCE                             229
plus avec ses conséquences désastreuses et inévitables; la femme
est déchue, les enfants qu'elle avait grandiront, ayant sous les
yeux le spectacle de l'adultère et vivant de son pain, ceux qu'elle
aura seront des bâtards ; l'homme enfin, s'il reste avec elle, verra
sa vie brisée, sa carrière perdue, tout espoir de se faire une famille
légitime fermé pour lui. Que si, au contraire, après une cohabi-
tation plus ou moins longue, il abandonne cette femme qu'il aimait,
qu'il estimait peut-être, mais auprès de laquelle il ne peut trouver
l'existence régulière dont il finit un jour par avoir soif, la malheu-
reuse sera contrainte de chercher un autre amant, de rompre avec
toute pudeur et descendra ainsi jusqu'à la fange. Pour ne citer que
Paris, il est incontestable que ce que qu'on y appelle le demi-monde
renferme bon nombre de femmes parfaitement mariées, absolument
perdues pour la famille, funestes, car elles éloignent du mariage
ceux qui vivent avec elles, et qui seraient peut-être des épouses
dévouées, des bonnes mères, si elles avaient pu divorcer en temps
utile. N'y en aurait-il qu'une que cet argument ne perdrait rien de
sa force.




                                  II


   Le théâtre devait à son tour s'occuper du divorce. Parmi le
nombre assez considérable de pièces qui, depuis quelques années,
ont, directement ou incidemment, traité ce sujet, je demanderai la
permission d'en analyser deux ou trois qui touchent à un des
côtés les plus graves et les plus délicats du problème, je veux
dire au sort des enfants.
  Madame Caverlet, tout en atteignant un chiffre respectable de
représentations, grâce à son mérite réel, à sa puissante originalité,
au nom de son auteur, ne fut pas cependant un de ces succès qui
font date dans les annales dramatiques. Peut-être, au moment où
cette pièce fut représentée (février 1876), le public n'était pas
familiarisé avec l'idée du divorce, qui a fait depuis des progrès
surprenants, peut-être n'était-il pas débarrassé entièrement d'opi-