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220                  LA R E V U E LYONNAISE
   « On fait alors une distribution générale de bananes et d» lait
sucré. La mère de la jeune femme, s'avançant au milieu ded'as-
semblèe, s'exprime ainsi : « Objets célestes, précieux et rares ccjmme
« le diamant, vous-mêmes qui m'ecoutez, je dois vous dire comment
« j ' a i élevé jusqu'à ce jour cetle vierge qui vient d'entrer dans une
« autre famille. Je faisais des prières aux dieux qui nous gou -
« vernent; jemeprosternaisdevantleursimages;jeversaisdel'eau
« au pied des arbrisseaux sacrés. J"ai fait construire au loin des
« pagodes et j ' y ai fait entretenir des lampes. J'ai fait construire
« des abris pour les voyageurs et creuser des étangs. J'ai pra -
« tiqué l'aumône, le jeûne et la pénitence; j'ai cueilli des fleurs
« rouges et je les ai offertes au soleil; j'ai cueilli des fleurs
« couleur d'or et je les ai offertes à Parvady. Je n'ai point oublie
 « les neuf constellations. Semblable à un arbrisseau desséché que
 « la pluie ranime, j'ai mis au monde cette jeune fille, grâce à mes
 « bonnes œuvres. C'est une chaste enfant qui a sept oncles ma-
 « ternels. C'est la sœur cadette de cinq frères. C'est la fille d'un
 « père puissant. C'est un joli perroquet qui s'est élevé dans mes
 « bras. C'est la prunelle de mes yeux. »
    « Les belles-sœurscde l'époux disent à leur tour: « On netrouve-
 « rait pas dans l'univers entier une beauté qui ne pâlît devant celle
 « de notre sœur bien-aimée. Ses petites dents ressemblent aux
 « boutons de la fleur de Moulley. Ses seins superbes se dressent
 « sous le corset de soie qui les emprisonne. Elle a les reins souples
 « d'une jeune lionne et la jambe voluptueuse d'une Apsarâ. Elle
 « est pure et sans tache, comme une pierre précieuse de la plus
 « belle eau polie par un lapidaire habile. Bien des prétendants sont
 « venusla demander, montés sur des chars que traînaient des élé-
  « phants, précédés de corbeilles pleines de bijoux, et c'est vous
  « qui l'avez eue, grâce à vos pénitences austères, cette jeune fille née
  « dans les fleurs, dont le corps est semblable à la feuille tendre
  « du manguier. Que n'auriez-vous pas donné jadis pour embrasser
  « ses épaules parfumées de sandal, ou pour tenir seulement le
  « bout de ses doigts? N'auriez-vous pas fait le sacrifice de votre
  « vie, pour jouir une seule fois de cette enfant, l'escarboucle de
  « la famille, plus exquise cent fois que la canne à sucre ? Que
  « d'ambassades vous avez envoyées ! Que de gens vous avez mis