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210                  LA REVUE LYONNAISE
une descendance à notre famille dans ton propre intérêt et dans
le nôtre ; tel est ton devoir. Ce n'est ni par les mortifications, ni
par les pratiques religieuses que l'on obtient d'aller où vont ceux
qui ont des enfants mâles. Prends une femme, et obtiens une pos-
térité, c'est notre plus cher désir. »
   Sur le même sujet, Manou s'exprime ainsi : « Par un fils, un
homme gagne les mondes célestes; par le fils d'un fils il obtient
l'immortalité; par le fils de ce petit-fils, il s'élève au séjour du
soleil. »
   « Le fils aîné est engendré pour l'accomplissement d'un devoir,
les sages considèrent les autres comme nés de l'amour. »
    A la mort d'un indien, on célèbre des cérémonies funéraires
qui ont pour but d'aider au salut de son âme et que ses filles ou
femmes seraient incapables d'accomplir. Il est indispensable qu'elles
soient présidées par un fils adoptif ou légitime. Aussi la lé-
gislation nationale autorise-t- elle l'époux à contracter un second
mariage, quand, pendant douze années, sa femme n'a mis au monde
que des filles. On trouve dans Manou quelques lignes curieuses
sur les circonstances de nature à déterminer le sexe des enfants.
 « Les nuits paires sont favorables à la procréation des fils ; les
nuits impaires à celle des filles. Toutefois un enfant mâle est
engendré, si la nature de l'homme est la plus puissante ; lorsque
le contraire a lieu, c'est une fille. Une égale coopération pro-
duit un eunuque ou un garçon et une fille. En cas de faiblesse ou
d'épuisement, il y a stérilité. »
   Les pères et mères ont, dans le droit indou, le pouvoir de
donner ou de vendre leurs enfants, en temps de famine. Ces
étranges contrats sonts considérés comme valables et transfèrent
à l'acheteur toutes les prérogatives de la puissance paternelle. Les
missionnaires de Pondichéry font souvent, et a des prix très mo-
diques, de semblables acquisitions.
   Je ne puis résister au plaisir de citer quelques lignes charmantes
dans lesquelles le poète Paria Tiruvalluvar célèbre les joies de la
famille : « Elle, est plus douce que l'ambroisie pour des époux la
bouillie de riz qu'ont tourmentée les petites mains de leurs enfants.
Toucher le corps de ses enfants est doux à la main ; entendre leur
voix est doux à l'oreille. Douce est la flûte, douce est la lyre,