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168                  LA R E V U E LYONNAISE
longtemps, dans la compagnie, le souvenir de l'homme simple et
bon non moins qu'éminent qui avait conservé, au sein des occu-
pations les plus sérieuses et des travaux les plus multipliés, la tra-
dition de la vive gaîté de nos pères, et qui savait assaisonner d'une
plaisanterie toujours fine et courtoise les conversations où il faisait
part sans compter de son immense savoir. C'est à l'étranger, et
quand on faisait pour lui quelques-uns de ces messages toujours
si bien accueillis par les savants avec lesquels il correspondait
dans presque toute l'Europe, qu'on découvrait non sans quelque
surprise le rang qu'avait conquis dans la science contemporaine
ce travailleur sans prétention. A Lyon, il paraissait n'avoir d'autre
but que d'accomplir chaque jour la tâche que lui avaient imposée les
fonctions qui lui étaientconfiées; au dehors, on le saluait comme un
maître, et il exerçait, dans toute cette branche de l'entomologie
dont il avait fait son domaine, une sorte de suprématie incontestée.
   Nos pères plaçaient non sans raison à la base de l'éducation une
solide instruction littéraire. Les grands souvenirs classiques meu-
blaient ainsi la mémoire du jeune écolier et y laissaient une im-
pression ineffaçable. Mulsant était un remarquable exemple de ce
culte persévérant des lettres. Poète à ses heures, il excellait à im-
proviser des vers qui, sous une forme badine exprimaient souvent
les sentiments les plus délicats. C'était la facture de la poésie légère
du dix-huitième siècle, corrigée par l'esprit chrétien ; c'était une
morale sérieuse sans être jamais trop austère ; on sentait que la plume
écrivait pour récréer l'esprit, mais on voyait aussi qu'en dépit de
cette négligence apparente, la langue, toujours respectée, abon-
dait en expressions ingénieuses, et que ces passe-temps d'un sa-
vant auraient pu devenir les titres sérieux d'un vrai poète.
- A la fin de la séance les lauréats ont été appelés pour recevoir
les récompenses qui leur étaient décernées, et l'annonce des va-
cances ordinaires de l'Académie a clos les travaux de l'année.




             LYON. — IMPRIMERIE P1TKAT AINE, RUE GENTIL, 4 .