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                           BENOIT PONGET ' :                        135
Une année s'écoula, au bout de laquelle elle dut abandonner son
cautionnement. Le 15 décembre 1859, eut lieu la résiliatipn du
marché, et la ville dut exécuter elle-même la percée, ce qu'elle fit
en quatre tronçons, de 1860 à 1862. Mais ces opérations ne rentrent
pas dans le cadre de cette étude.



 ..- Les affaires immobilières, quand les expropriants se font eux-
 mêmes constructeurs, ne sontpas toujours heureuses; mais, en tous
 cas, elles ne peuvent donner leurs fruits qu'à très long terme. Si les
compagnies ne sontpas forcées de liquider comme là Société Immo-
 bilière de Paris, il est rare qu'elles ne finissent pas par reprendre
 leur équilibre. La hausse des loyers et le remboursement des obli-
gations conduisent naturellement à ce résultat.
     Si la Société de la rue Impériale eût été contrainte à liquider
 en 1858, l'affaire se fût sans doute terminée par un désastre. Au-
jourd'hui, vingt-sept ans écoulés depuis la construction, les actions
rendent vingt-cinq francs seulement, c'est-à-dire, impôt déduit,
moins de cinq pourcent du capital engagé; mais ces actions valent
onze cents francs!
     Cette capitalisation, à un taux inférieur au revenu de notre trois
pour cent, inférieur au revenu de la propriété rurale, inférieur au
revenu des consolidés anglais, doit paraître bien extraordinaire.
Elle l'est moins qu'elle n'en a l'air. Par une mesure de prévoyance
qui peint bien l'esprit lyonnais, l'acte de Société a stipulé qu'il ne
pourrait être fait de distribution, de dividende au delà de cinq pour
cent du prix d'émission, tant qu'il ne serait pas constitué une
réserve suffisante pour l'amortissement des actions. C'est le prin-
cipe lyonnais
           De vivre en pauvreté, pour pouvoir mourir riche.

   En achetant aujourd'hui si cher quelque chose qui rend si peu,
on escompte un avenir assuré. Je ne sais quelle est maintenant la
réserve de la Société; mais à la fin de 1876, elle était déjà de
1 911 000 francs pour un capital de 11 250 000 francs. Il est cer-
tain que la Société aura pu amortir toutes ses actions bien avant