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130 LA REVUE LYONNAISE et la plus grande ardeur de cette si belle mort du serviteur de Dieu, des miracles qui l'accompagnèrent et de ceux qui la suivirent pendant le peu d'années qu'elle-même lui survécut. Elle aussi mourut relativement jeune, ayant accompli, dans sa courte existence, les œuvres d'une longue vie, et acquis la perfec- tion dans les mérites simples et cachés des devoirs ordinaires. Mère de douze enfants en vingt- deux ans de mariage, les ayant élevés avec un tel soin, une telle hauteur de vue et favorisée de grâces de choix méritéespar tant de fidélité, quetousfurent élus de Dieu dans l'indépendance dont nous avons rapporté un exemple remarquable, elle pouvait, les mains pleines de gerbes et de fruits, paraître avec confiance devant Dieu. Nous allons voir que si Isabeau fut une mère incomparable, elle fut aussi le modèle des épouses, et les accents désolés de celui qui nous le relate, son mari lui-même, en sont des preuves irré- fragables. C'est après avoir raconté, d'après lui, le sort de ses en- fants, que nous rapporterons ensuite les termes dans lesquels il s'exprime, et qui sont la seule trace de la fin d'Isabeau, car nous n'avons rien pu recueillir sur ses derniers moments : « Voilà l'état de sa famille, qui eut pour mère la reine des ver- tus, la même chasteté, la parfaite charité et une profonde humi- lité; ces rares qualités l'accompagnèrent sans relâche depuis son mariage, en l'année 1623, jusqu'à l'année 1645, où Dieu la guérit de toutes ses infirmités pour la faire monter au ciel, ce même jour que la Vierge Marie y monta, et pour preuve de cette vérité, il est certain que cette bonne dame Isabeau de Cremeaux, depuis six ans avant sa mort qu'elle se sentit infirme, elle eut une par- ticulière dévotion à la Vierge pour obtenir cette grâce, que lèjour de sa mort fût celui de son Assomption ; par cette remarque et par l'excellente vie qu'elle a menée tout le cours de son mariage, l'on peut juger de son bonheur; mais on n'en doit pas douter quand on saura qu'après qu'elle eut rendu l'âme à Celui qui la lui avait donnée, elle parut plus belle qu'elle ne l'avait été en ses beaux jours ; que lejour de la Saint-Rochoùon la rapporta de son château de Roche-la-Molière dans l'église du Chambon, distante d'une lieue, trois ou quatre cents pauvres, passionnés de dire adieu à leur bienfaitrice, accoururent de toutes parts sur les ch°mins pour