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                    ISABEAU DE GREMEAUX                             131
la voir et faire toucher leurs chapelez, parce qu'elle avait les
mains et le visage découverts, et criant, et pleurant amèrement
la perte de leur mère qui les avait rassasiés et restaurés ; et là foule -
ètaitsigrande,quele convoy demeura quatre heures en chemin pour
faire une lieue. La fin du dict convoy est digne de remarque ; une
jeune veuve, qui avait toujours vécu saintement à l'exemple de
feu son mari, très infirme de sa santé et de sa vue, ne se voyant
pas quasi conduire, se fit porter dans le chœur de l'église pour y
attendre le corps qu'elle eut grand'peine d'aborder, à cause de
l'extrême foule du peuple, et lui ayant touché les doigts avec les
siens, elle les porta à ses yeux, et aussitôt sa vue s'éclaircit et sa
santé se remit, à un tel point, qu'après avoir rendu grâces à Dieu
dé sa convalescence, elle s'en rentourna chez elle, sans que per-
sonne eût la peine de la porter ni de la conduyre comme on l'avait
fait auparavant ; et de ce, il y a bonne attestation. »
 : Gaspard n'est pas seul à porter témoignage de ces faits : la reli-
gieuse, que nous avons si souvent suivie, nous en parle en ces
termes, toujours dans la notice sur Françoise de Capponi :
   « Mais ce qui est le plus glorieux à noire chère sœur, c'est
qu'elle a eu une mère que l'on croit communément une sainte ;
les sujets de ses terres veulent même assurer qu'elle a fait des
miracles en leur faveur; du moins tous conviennent qu'elle a été
un modèle parfait à toutes les dames nobles et chrétiennes. »
   « Il est arrivé plusieurs autres choses après celle-là à peu près
de même nature (continue Gaspard) qui font croire que cette âme
a beaucoup dé crédit dans le ciel, et tous ceux qui l'ont cognue
et pratiquée pendant sa vie n'ont pas lieu d'en douter, non plus
du deuil extrême que monsieur son mary souffrit de cette perte ;
elle est inconcevable à ceux qui ne savaient pas l'union qui estoit
entre eux. »
 ' Nous allons, comme nous l'avons dit plus haut, raconter le peu
que nous savons de ses vertueux enfants, et notre travail se ter-
minera ainsi par cette couronne, la plus belle qu'une mère de
famille puisse souhaiter :
   1° Melchior, qui devint missionnaire à l'âge de trente ans, comme
nous l'avons raconté plus haut ;
   2° Claude, mort à dix-sept ans, au noviciat des jésuites d'Avi-