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 122                LA R E V U E LYONNAISE
 enfants, et je me dis qu'il est bien doux, mais bien rare aujour-
 d'hui, d'avoir conservé le nid et l'abri de tant de générations.
    Dieu préparait à Isabeau d'autres sollicitudes encore. A cette
 époque, l'autorité du père et de la mère était profondément respec-
 tée; les documents du temps, contrats, partages, testaments, en
 font foi; et c'est même de ce côté que se rencontrent des abus sou-
 vent criants, il faut le dire ! C'était surtout en matière de vocation,
 pour l'arrangement et la conservation des biens de famille, que des
 iniquités furent commises ; mais la solide piété n'entrait pas dans
 ces vues. Sainte Chantai, à laquelle on a fait des reproches immé-
 rités sur ses sentiments maternels, mariait ses filles; de même,
 notre Isabeau n'aurait jamais voulu jeter dans le cloître un de ses
 enfants qui n'eût pas éprouvé une vocation réelle. Et cependant elle
les avait tous offerts au bon Dieu. Elle fut exaucée ; mais comme
Dieu exauce les intentions pures, droites et prudentes. Nous r e -
trouvons, dans la vie d'Isabeau, ces traces de la délicatesse d'une,
mère vraiment chrétienne et sage, dans ces difficiles occasions où
toute lumière doit être prodiguée, en même temps que toute liberté
est laissée à l'enfant qui veut se donner à Dieu. Il s'agit d'une de
 ses filles, Marie-Françoise de Capponi, qui fut religieuse de la Vi-
sitation et dont une de ses compagnes à écrit la sainte vie.
    Cette jeune fille avait d'abord été élevée par son aïeule Fran-
çoise d'Augerolles de Saint -Polgue, dame de Roche-la-Molière
et veuve d'Alexandre de Capponi. Cette bonne grand'mère était
très chrétienne, mais elle gâtait sa petite-fille ; cela s'est vu dans
tous les siècles. Isabeau ne savait comment s'y prendre, sans con-
sister sa belle-mère, pour soustraire sa fille à cet inconvénient;.
Elle imagina de la mettre à la Visitation de Saint-Etienne pour sa
première communion,, afin de ne pas la reprendre à MmB de Cap-
poni la mère purement et simplement.
    Après bien des hésitations la pauvre grand'mère se dessaisit de
la chère petite qui faisait ses délices, et on la mit au couvent à
neuf ans.
    Les sœurs deUa Visitation nous ont laissé, delà vie de cette jeune
fille, un récit tout parfumé de charme et de piété, d'une sagesse et
d'une solidité vraiment remarquables. Ce fut dans ce monastère que
Françoise de Capponi puisa ses premières aspirations vers la vie