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                          LA CRÉMATION                             1|7
 le bois. Ace moment, recommençaient les chants de deuil, les cris
 des pleureuses, les sonneries des trompettes et les lugubres lamen-
 tations des flûtes.
    Quand il ne restait plus qu'un amas de cendres et de charbons
éteints, on recueillait au milieu de ces résidus les débris d'os non
 calcinés et les cendres qui paraissaient plus particulièrement pro-
venir de la combustion du corps. Le tout était arrosé de vin et de
lait et déposé dans une urne avec des roses et des aromates. Le
maître des funérailles faisait trois fois le tour de l'assemblée en la
purifiant par une aspersion d'eau pure, puis il la congédiait. La
plupart des assistants reconduisaient les restes du défunt jusque dans
sa maison où ils étaient placés dans l'atrium, au milieu des por-
traits des anoétres ; neuf jours plus tard, l'urne était déposée dans
le tombeau et les funérailles terminées.
    On ne se contentait pas toujours d'apaiser les mânes avec le sang
des animaux, et souvent des gladiateurs s'entr'égorgeaient au-
tour du bûcher. Tite-Live cite un combat qui eut lieu dans de
semblables conditions, et dans lequel cent vingt hommes luttèrent
ensemble et succombèrent presque tous. On avait aussi l'habitude
de tuer des prisonniers de guerre sur les tombeaux de ceux qui
avaient péri dans une bataille. Tacite raconte que pendant les funé-
railles d'un chef romain, deux vétérans, ne pouvant supporter
l'idée d'être à jamais séparés de celui qui les avait si longtemps
conduits à la victoire, se percèrent de leur épée devant son
bûcher.
    Parfois on célébrait dans une seconde cérémonie les obsèques de
la même personne, et, dans ce cas, on remplaçait le corps soit par
les os recueillis sur le premier bûcher, soit par un membre, un
doigt* par exemple, que l'on avait réservé avant de brûler le
corps. La loi des XII Tables ne permettait ces doubles funérailles
que pour les citoyens morts à la guerre en pays étrangers, et
lorsqu'il avait été nécessaire de brûler le corps loin de Rome.
    Il n'est pas besoin de dire _que pour la plupart des citoyens qui
ne s'étaient distingués ni par de grandes actions ni par d'excessives
richesses les funérailles se faisaient beaucoup plus simplement. Le
cadavre, porté par les enfants, les parents ou, à leur défaut, par les
amis du défunt et placé sur un lit funéraire garni de papyrus,