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lH                   LA REVUE LYONNAISE
Trois jours après la mort, le corps était placé dans une litière et
recouvert d'une toge : pour la plupart d'entre eux, comme le fait
remarquer Juvénal, c'était la première fois qu'ils revêtaient cet
habit du citoyen. Dans un champ peu éloigné de la ville, se trou-
vait une. eertaine quantité de celliers, construits comme des
citernes, et dont l'ouverture était fermée par une dalle. Par cette
ouverture, on précipitait pêle-mêle chaque soir tous les morts de
la journée : les enfouisseurs ou vespillons étaient considérés
comme les plus méprisables des hommes, et ils n'avaient point,
paraît-il, usurpé leur renommée. Telle était leur rapacité, que fré-
quemment ils volaient les linceuls et arrachaient jusqu'au iriens
placé entré les dents du cadavre pour prix de son passage dans la
                                                      ;
barque de Charon.
    Quand les corps avaient rempli un cellier, on scellait la dalle et
l'on attendait que les cadavres fussent à peu près consumés : une
année suffisait souvent, dit-on, ce qui semblerait indiquer que l'on
jetait également dans les fosses une certaine quantité de chaux
 vive.
    En temps d'épidémie, ou lorsque la mortalité était trop consi-
dérable, ce moyen devenait insuffisant. On faisait alors aux
 malheureux, dans un but de salubrité publique, les honneurs du
bûcher; mais pour éviter la dépense de parfums ou d'aromates
 destinés à enduire les corps et à activer la combustion, on avait
 soin de mettre un corps de femme par dix corps d'hommes, et;
 dit Macrobe, grâce à ce corps plus chaud par nature et plus faci-
lement inflammable, la combustion s'accélérait.
    Les obsèques des pauvres, si l'on peut donner ce nom à ces en-
 fouissements, avaient lieu pendant la nuit. Il avait été longtemps
 d'usage de n'enterrer qu'après le coucher du soleil et à la lumière
 des torches ; les personnes qui suivaient le deuil portaient pour
 éclairer leur marche des cordes tortillées enduites de poix ou
funalia ; c'est même là l'origine du mot funérailles. Plus tard,
 l'usage des enterrements nocturnes fut réduit aux classes pauvres,
mais l'habitude de porter des torches subsista et on les retrouve
 dans les funérailles des riches citoyens.
    Dans ces funérailles, les Romains déployaient le même luxe gran-
 diose qu'ils avaient coutume d'introduire dans toutes leurs cérê-