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                           LÀ CRÉMATION                           ' 115

  monies. En vain la loi des XII Tables avait édicté des prescriptions
  tendant à en réprimer les excès ; ses dispositions étaient fréquem-
  ment transgressées. Avant les funérailles, avait lieu dans l'atrium
  l'exposition du cadavre; la face découverte, les pieds tournés vers
  la rue, entouré de tous ses insignes et'des couronnes qu'il avait
  pu gagner, le mort, gardé par un serviteur, restait exposé aux
  regards des passants, tandis que des hérauts parcouraient les rues
  en annonçant la nouvelle du décès et le jour où les funérailles de-
  vaient avoir lieu. Devant le vestibule un rameau de cyprès indi-
  quait aux pontifes qu'ils eussent à s'éloigner de la maison, de
  peur d'être souillés parla vue d'un mort.
     Le jour des funérailles arrivé, un long cortège de parents, d'amis
 et de clients accompagnait le corps à sa dernière demeure. Des
 musiciens jouant de la longue flûte et suivis par une troupe de
 pleureuses ouvraient la marche; ces pleureuses, qui figurent en-
 core aux enterrements dans certaines provinces du nord de l'Italie,
  entonnaient des complaintes funèbres, et chantaient les louanges
 du défunt en s'arrachant les cheveux et en donnant les signes du
 plus profond désespoir. Derrière elles venait le victimaire qui
 devaitJuer autour du bûcher les animaux favoris du mort, ses che-
 vaux, ses chiens, etc. Après lui et presque immédiatement devant
 le corps, se plaçait l'archimime : habillé des vêtements du défunt,
 portant un masque qui rappelait les traits-de son visage, il imitait
 sa démarche, sa tenue, ses allures et jusqu'à ses ridicules ; dans
 ses discours, il s'efforçait de rappeler les défauts de son carac-
tère et les imperfections de son esprit. Nul n'était exempt de
l'archimime, pas même les empereurs auxquels on décernait
l'apothéose. Autour de ce singulier personnage se plaçaient des
individus porteurs de masques qui rappelaient les traits des an-
cêtres du défunt, ayant, autant que possible, leur stature et leur
maintien. Les images des ancêtres qui accompagnaient le cortège
étaient de la part des Romains l'objet d'une profonde vénération,
et, à leur occasion, certains deuils privés devenaient de véritables
deuils publics. Derrière les images des ancêtres, venait la famille,
les fils la tête couverte, les filles la tête nue et les cheveux épars,
la mère habillée de brun, les parents, les amis en vêtements
sombres, les chevaliers sans leurs anneaux d'or ni leurs colliers.