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84 ° LA R E V U E LYONNAISE du Poisat. Ce peintre est uu audacieux, un chercheur. Ses trou- vailles ne sont pas toujours très heureuses ; mais dans ses défail- lances, il mérite l'attention que commande l'effort persévérant. Même quand il se trompe, il a droit à un succès d'estime. La Mer à Saint-Raphaël est une toile d'aspect bizarre, où les tons blancs, bleus et verts se heurtent avec violence. Je ne pense pas que l'ar- tiste soit inattaquable sous le prétexte qu'il a rendu fidèlement les teintes observées. J'estime que, même en ce qui concerne la couleur, le peintre doit choisir et ne pas s'attacher à la reproduction sensible des nuances étranges que la nature présente parfois. On ne renonce, pas impunément au discernement esthétique que la poursuite du Beau dans les arts impose aux meilleurs esprits. J'admets que M. Bellet du Poisat ait fidèlement traduit la coloration invraisem- blable que les côtes de la Provence lui ont montrée ; mais s'il a fait une toile intéressante, parce qu'on on y sent l'effort du travail- leur, il a fait une toile médiocre, parce qu'on n'y retrouve pas le jugement de l'artiste. Du reste, l'autre œuvre du même peintre est des plus remarquables. Ce Canal dans les dunes d'une profon- deur immense, ses eaux aux transparences attrayantes, sa majes- tueuse solitude ont, pour qui regarde longtemps cette nature silencieuse, une tranquillité puissante et d'un grand effet Avec le Relai de Poste, de M. Ponthus-Cinier, nous retombons dans une peinture de convention arrangée à souhait pour le plaisir des yeux, par la main d'un habile ouvrier, sans incorrections et sans éclat. De cette œuvre, M. Ponthus-Cinier pourrait faire des reproductions parfaitement égales en mérite. Telle n'est pas la marine de M.. Smith Hald. Son Soir d'été en Norwège est d'un effet magistral. La simplicité du sujet, la naïveté des détails, la transparence vaporeuse du ciel donnent à cette scène tout l'attrait d'une vérité poétique. Elle captive doucement les regards. M. Appian les éblouit par sa Plage du Faubourg, à Collioure. Tout ensoleillé, ce rivage flamboie pendant que les intensités bleues de l'horizon accusent la vigueur de la lumière. Mal éclairé parce qu'il l'est trop, ce tableau gagnerait en finesse si le jour ne l'écrasait pas à ce point. Signalons en passant un délicieux fusain du même artiste. Sa'Lisière de bois a le charme pénétrant des forêts aux grands ombrages dont parle Virgile. De même, la Chasse