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          DES DIVERS SYSTÈMES DE PSYCHOLOGIE                           7
  s'arrête^t-elle ? En quoi l'homme s'en peut-il rendre témoignage?
 Comment les faits divers de notre nature s'assouplissent-ils à son
 exercice? Qu'est-elle enfin, si l'on peut remonter jusqu'à elle sans
 pénétrer son fond? Voilà, ce semble, les questions toutes naturelles
 que la psychologie trouve sur son chemin ; et, pour que l'étude de
 l'homme pût être abordée avec un esprit complètement dégagé de
 leurs formules naissant de la première impression de l'objet observé,
 il faudrait, en vérité, demander au philosophe de commencer par
 un acte non de prudence, mais d'aveuglement philosophique.
     Trois tentatives ont été faites d'asseoir la psychologie sur la base
 de l'unité. Leurs auteurs ont été Condillac, Descartes et Maine de
 Biran.
     Condillac a joué de malheur, en voulant faire reposer toute la
 psychologie sur la sensation. La sensation, admise comme unique
 principe psychologique, quelle méprise, quelle contrepied déplo-
 rable de la vérité ! La sensation, c'est-à-dire ce qu'il y a de plus
 divers, de plus multiple, de plus varié, de plus fugitif dans des
 modesinfinis de manifestations différentes, de plus impossible à
 recueillir dans une copule quelconque d'unité, la sensation prise
 pour unité de ce qui se passe dans l'homme, c'était assurément
 donner un démenti à là plus simple observation de la nature hu-
 maine. Aussi le condillacisme a-t-il été réprouvé d'une commune
 voix. Non pas tant qu'il matérialisât l'homme, car on s'est livre
 sur ce point aux déchaînements d'une critique excessive et injuste
 contre Condillac qui entendait, par la sensation, une modification
toute spirituelle de l'âme ; mais le condillacisme a été condamné
surtout, et il méritait de l'être, parce qu'il s'est mis tout de suite
en flagrante contradiction avec les faits, quand il a prétendu que
l'attention n'était que la sensation transformée, et quand, avec
l'attention, ce phénomène si éminemment actif, il a glissé dans tout
le reste de son système un élément en pleine discordance avec lui.
 L'unité de Condillac est donc fausse et prise au rebours de la
réalité.
    Descartes avait arboré le vrai drapeau. L'âme, disait-il, n'est
active qu'en tant qu'elle veut. La volonté est la faculté unique. Tout
le surplus se rejette dans la passivité. Sur ce point, Royer-Collard,
adversaire prononcé des recherches d'unité, a gourmande le philo-