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2                     LA REVUE LYONNAISE
tenue ouverte depuis environ trois mille ans, allongée ou raccour-
cie par chaque psychologue à son gré, et où viennent s'inscrire des
facultés dont la définition amène de perpétuelles incertitudes.
    La science est un fonds de vérités qui se développe. Elle écarte
les disputes. Que les solutions par elle données soient définitives,
qu'elle ne demande plus à l'esprit humain que de se porter en
avant, ce mouvement régulier de progrès la constitue. Ce n'est
pas seulement la marque de la science, c'est encore un de ses plus
précieux fruits qu'on voie l'accord régner dans toute l'étendue de
ses domaines. Mais à quoi servirait de le nier? La psychologie n'a
guère répondu à de pareilles conditions. Autant de philosophes qui
ont réussi à se faire en psychologie un nom, autant de psycholo-
gies différentes. La liste de nos facultés, tantôt plus ample, tantôt
plus réduite, toujours nouvelle, toujours à recommencer, semble
passer par une série sans fin des caprices de l'esprit philosophique.
Une théorie valable de la puissance de l'âme est encore à inau-
gurer. Nulle'partie des sciences qui ont l'homme pour objet ne
soulève d'aussi opiniâtres débats. La guerre est flagrante sur ce
terrain, depuis qu'existe la philosophie.
    Que veut-on que puissent en penser les savants, eux qui ne
tiennent compte que de la certitude et qui ne révèrent la science
comme une glorieuse souveraineté de l'esprit qu'à cause de
l'irrésistible assentiment qu'elle commande ? Que veut-on aussi
que puisse en penser le public lettré et curieux, qui n'a pas sur ces
matières sans doute une compétence spéciale, mais auquel on a
toujours plus ou moins affaire, dans le cercle des sciences morales
ou philosophiques, parce que là chacun se croit aisément chez
soi, imagine siéger dans une sorte de conclave domestique, et se
tient pour investi d'un certain-droit de suffrage, à côté de la mis-
sion plus autorisée des écrivains, des philosophes, .des publicistes,
des savaDts ?
    La psychologie a porté la peine de ses variations continuelles
dans la liste de nos facultés. Communément, on voit en ello moins
une science qu'un catalogue des opérations de l'esprit, que chacun
est libre de former à sa guise, sans pouvoir dépasser de beaucoup
les données vulgaires del'observation et du bon sens. On ne prend
pas au sérieux les constructions scientifiques tentées dans cet