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                       ACADEMIE DE LYON                            447
  de ces grands travaux de l'antiquité au fait de l'esclavage, et rapr-
  porter â la triste prodigalité avec laquelle on sacrifiait les vies
  humaines la possibilité de.si gigantesques efforts? M. Ducarre et
  M. Caillemer pensent que, sans repousser absolument cette expli-
  cation, on ne peut l'admettre qu'avec une certaine réserve. Le
  travailleur à l'état barbare a quelquefois, par une adresse toute
  spéciale résultant d'habitudes traditionnelles, des procédés plus
 expéditifs que nos moyens plus perfectionnés. M. Ducarre cite
 l'exemple des fellahs réquisitionnés pour les travaux de creusement
  du canal de Suez. Munis d'un simple sac qu'ils remplissaient ac-
 croupis dans le sable et rejetaient ensuite sur leurs épaules, ils
 allaient beaucoup plus vite et supportaient mieux la fatigue que
 les ouvriers européens qui leur succédèrent en employant la
 brouette dont les fellahs avaient refusé de se servir.
    D'autre part, les esclaves employés aux travaux publics étaient-
 ils toujours accablés d'un labeur excessif? M. Rougier cite un
 texte du code Théodosien d'après lequel les esclaves constructeurs
 d'aqueducs et gardiens des eaux étaient marqués à la main du nom
 de l'empereur. M. Ducarre pense que cette marque, loin d'être
 infamante, était plutôt recherchée comme un signe attestant qu'on
 dépendait de l'empereur. Dans la Grèce ancienne, M. Caillemer
 constate que le travail libre faisait concurrence au travail servile.
 On possède les comptes d'entrepreneurs athéniens, et on y voit les
 ouvriers de la dernière catégorie recevoir un salaire quotidien d'une
drachme, ce qui équivaudrait à 4 fr. 50 de notre monnaie. Le tra-
vail servile n'est donc pas l'unique explication de ces colossales
entreprises. Quant aux engins eux-mêmes, on a quelques docu-
ments grecs qui les décrivent. Mais pour bien traduire ces frag-
ments il faudrait la réunion et d'un helléniste et d'un ingénieur,
association parfois difficile à réaliser.
    M. l'abbé Guinand, au sujet des assises du temple de Jérusalem,
entretient l'Académie d'une découverte récente. On a constaté que
ces assises sont toutes marquées d'une lettre, comme cela se pratique
encore aujourd'hui dans nos constructions ; or, ces lettres sont des
caractères phéniciens et l'appareil des tailles est le même que du
temps de Salomon. Il est donc impossible d'attribuer à Hérode, ni
même à Zorobabel, les constructions dont il s'agit, et la science