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                 BULLETIN.BIBLIOGRAPHIQUE                        441
   Dans les Contes sur la branche, il y a des pages véritable-
ment charmantes. Il me souvient, car c'est de mémoire que je
cite, une de ces délicates fantaisies qui a pour titre, je crois :
Nana au Paradis. C'est, à mon sens, la perle du volume. Ce
dialogue fantastique entre Dieu le Père, ses saints et je ne sais
plus quels grands hommes de l'antiquité, et enfin la pécheresse
Nana, a tout le piquant d'une œuvre badine du dix-huitième siècle.
Fourmillant de traits, fertile en à-propos, il me rappelle le récit
de certain banquet chez Mmo Benoît, la maîtresse de Lekain,
que fait quelque part le comédien Fleury, dans ses curieux
Mémoires. De toutes ces Muettes fugitives j'aime le ton leste,
dégagé, aussi loin de la pornographie que de la fausse pruderie.
Le rire est sain, quoi qu'on dise ; il éclôt gentiment sur le sol
gaulois, même aujourd'hui, malgré la civilisation qui nous corrompt
et nous abêtit, l'industrie qui nous enfume et le phylloxéra qui
dévaste nos vignobles. Seuls les sots ont pu tonner contre ceux
qui nous faisaient rire. Laissons crier les sots, allons à ceux qui
nous égaient.




   Hippolyte Buffenoir n'est pas un inconnu pour les lecteurs de
la Revue. Il a signé dans le Monde lyonnais plus d'une strophe
animée d'un souffle véritable, où l'on remarque de réelles et sé-
rieuses qualités. Son vers est sobre et nerveux, et, chose malheu-
reusement trop rare chez les poètes de la jeune école, l'idée n'y est
pas noyée dans le déluge des mots vides de sens.
   Buffenoir n'appartient à aucune école, et n'est inféodé à aucun
maître ; c'est encore une qualité dont je lui fais mon bien sincère
compliment. Dans le discours qu'il a prononcé le 2 mai dernier,
au cimetière du Père Lachaise, sur la tombe d'Alfred de Musset,
il a proclamé fièrement son indépendance : « Par cette belle
« journée de printemps, dit-il, par ce gai soleil de mai, par cette
« saison de la verdure, des lilas et des roses, nous ne sommes
« point venu devant ton tombeau pour analyser et disséquer ta
« vie, pour défendre une école, un système littéraire au détriment
« d'une école adverse, ou d'un système contraire. Nous repous-