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               .LES CHAMBRES DE MERVEILLES                        431
   Telle a été sommairement cette grande et belle exhibition, qui a
dépassé tout ce qu'on attendait d'elle. Jamais on n'a vait encore vu à
Lyon une semblable réunion de richesses artistiques, et dont on
ne soupçonnait même pas l'existence. Mais sa durée a été comme
celle de ces météores lumineux qui brillent un instant et dispa^
raisent ensuite pour toujours dans une éternelle nuit. Avant vingt
ans, c'est à peine peut-être si quelques-uns de ces trésors
de l'art se rencontreront à Lyon. Le marteau des commissaires-
priseurs les jettera à tous les vents, et ils iront s'enfouir dans les
cabinets d'Angleterre, de Russie et d'Amérique, et quelques rares
épaves seulement seront recueillies par nos musées. Et cependant,
l'enseignement artistique de nos ouvriers, si imparfait et si mal
compris encore, exigerait que la plupart de ces trésors ornassent
nos dépôts artistiques.




                                 II
   Mais revenons sur nos pas et retournons au temps où la Re-
naissance commença véritablement pour Lyon. D'après tout ce
que nous avons sommairement exposé plus haut, Charles VIII peut
être regardé comme le premier qui ait imprimé aux esprits des
artistes savants le mouvement vers l'antiquité, laquelle, dans
l'expédition de ce prince en Italie, avait apparu aux uns avec tout
le charme d'un souvenir de voyage et aux autres avec, toutes
les séductions de la nouveauté. « Pour nos artistes, dit M. de
La Borde, ce fut une occasion de réagir contre les formules
gothiques, mais qu'on dédaigna trop. »
   L'élan fut spontané, indépendant, unanime ; et Lyon ne tarda pas
d'arriver à l'une des plus belles époques de son histoire. « Lyon,
a dit avec justesse M. Dugas Montbel, est la ville de France qui
participa le plus au mouvement de la Renaissance. » M. Sainte-
Beuve a reconnu, avec non moins d'exactitude, que Lyen fut alors
un centre plus à portée de l'Italie, et gagna à ce voisinage quelques
rayons plus hâtifs à cette douce et bénigne influence. « Lyon,
ajoute-t-il, avançait sur la capitale. » La poésie, les arts, l'éru-