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422                  LA REVUE LYONNAISE
vaisselle avait aussi ses fabriques dans notre ville, et il faut qu'elle
fut d'une certaine beauté, puisque le consulat en envoyait à Paris
pour être offerte en don à certains personnages.
   Mais peut-on dire que Lyon a eu, au moyen âge et au temps de
la Renaissance même, des écoles où l'art ait été enseigné par des
professeurs spéciaux ? Ce serait mal connaître l'histoire de nos
corporations ouvrières. Alors, il n'y avait d'école que pour les
belles-lettres, qu'on enseigna d'abord dans les cloîtres, et plus,
tard dans les universités. Tous ceux qui se destinaient aux beaux-
arts n'avaient d'autres ressources pour s'y initier que l'atelier des
maîtres de métiers. Mais, comme l'a si bien remarqué M. Pariset,
que j'ai déjà été heureux de citer plus haut, « jusqu'au seizième
siècle, l'individualité ne se dégagea pas, et l'artiste est absorbé par
la corporation, régime qui s'impose aux peintres et aux sculpteurs,
aussi bien qu'aux gens de métiers. » Mais l'atelier était une véri-
table école et des meilleures, en ce que le jeune homme qui se
vouait à la culture de l'art y trouvait réunis à la fois l'artiste qui
dessinait Ou modelait, sous les yeux de tous les ouvriers, les objets
qui devaient être faits, soit en métal, soit en bois, soit en ivoire, et
ceux qui successivement exécutaient ces objets, en leur faisant
subir les diverses transformations nécessaires. L'élève ou l'apprenti
intelligent pouvait donc observer la pensée créatrice du maître et.
s'en pénétrer, et se rendre aussi un compte exact de la manière
dont cette pensée était comprise et traduite dans l'exécution. Les
 artistes étaient associés aux artisans et se confondaient avec eux.
Aucun titre ne distinguait l'homme de talent de l'ouvrier. Robert
Etienne, en 1539, énonçant les termes propres aux arts, ne parle
 ni de l'artiste ni ne l'artisan, il n'y a qu'un -mot ouvrier pour
 rendre le latin opifex, operarius, artifex. Tous" les corps dé
 métiers étaient soumis à des règlements imposés parle gouver-
 nement, et on ne les lit pas aujourd'hui sans quelque surprise. Tels
 sont, entre autres, les statuts de la corporation lyonnaise des
peintres et sculpteurs, approuvés en 1496 par Charles VIII, et
contre lesquels s'insurgeraient aujourd'hui nos ouvriers toujours si
 enclins à la révolte.
  En imposant ces statuts aux corps de métiers, la royauté a eu
surtout pour but de veiller à la bonne exécution des-produits de