Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
380                  LA R E V U E LYONNAISE
   « Le Brahmane dit à sa jeune épouse: « Prends garde ; ne dis
« rien, ne fais rien qui me déplaise ; à ta première faute je t'aban-
« donne. » L'enfant résignée répondit : « Qu'il en soit ainsi.» Un
soir, le Brahmane dormait appuyé sur la hanche de sa femme.
Celle-ci, craignant que son mari ne manquât aux devoirs de sa
caste, l'éveilla doucement en lui disant: «Lève-toi, fortuné
« Brahmane. Le soleil est près de se coucher: remplis tes obli-
« gâtions du soir et fais tes ablutions. Voici le crépuscule. Le
« soleil est à l'ouest, ô maître. » Le Bhahmaue lui répondit avec
colère : « Tu m'adresses des paroles de mépris, fille de serpent.
« J e n'habiterai plus près de toi ; je m'en irai comme je suis
« venu. Sache que le soleil ne peut s'abaisser sous l'horizon, tant
« que je dors.
   «—Pourquoi m'abandonner ? Je n'ai pas commis de faute. Soyez
«juste, ô vertueux Brahmane, » murmura la jeune épouse. Le
féroce Brahmane tint bon et s'enfuit, la laissant à son désespoir. »
   Le même ouvrage renferme les passages suivants dont le der-
nier se recommande par son énergie.
   « Les femmes n'ont pas d'autres dieux que leurs maris. »
   « La femme doit aimer son mari plus que son père, plus que sa
mère, plus que son Dieu. »
   « Elle doit vénérer son mari, bien qu'il soit pauvre, infirme,
ignorant, difforme ; un mari est tout pour sa femme. »
   « La mort, les régions infernales, le tranchant du rasoir, le
poison, les serpents venimeux, tous ces fléaux réunis ne sont pas
si mauvais que la femme. »
   Le Ramayana déclare que les femmes sont incapables de fidé-
lité, qu'elles s'attachent au premier venu, pareilles aux lianes des
forêts qui s'enroulent autour de tout arbre à leur portée.
   Le livre de Manou abonde en contradictions. Voici d'abord
les jugements flatteurs.
   « Il n'y a aucune différence entre les femmes honnêtes et la
déesse de la Fortune. »
   « Les femmes mariées doivent être comblées d'égards par leurs
pères, leurs frères, leurs maris et les frères de leurs maris, lorsque
ceux-ci désirent une grande prospérité. »
    « Partout où les femmes sont honorées, les Divinités sont