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            A QUOI JE SONGE
Mais quoi!... loin de ma gravité
Vous voulez fuir toutes honteuses,
Gomme si ces rides grondeuses
Effarouchaient votre gaieté ?

Vous craignez de jeter sans doute
De vos rires l'explosion
Parmi quelque conception,
Gomme une pierre sur ma route?...

Non, non, enfants, n'ayez point peur.
Ce pli, que sur mon front morose
Suivait gaiement votre doigt rose,
Ne trahit point un froid censeur.

Car je songeais à vous, mes filles,
A. vous qui riez aujourd'hui,
Parce que le soleil a lui,
Et qu'il fait beau sous les charmilles ;

A vous qui, sans savoir pourquoi,
De vos lèvres toujours vermeilles
Egrenez des chansons pareilles
Aux plus riches écrins d'un roi.

Je songeais que votre douce âme
S'est confiée en mon appui,
Sans autre souci que celui
De mon éloge ou de mon blâme ;

Que des chagrins de l'avenir
Vous n'avez nulle inquiétude,
Que vous vous croyez au prélude
D'un bonheur qui ne peut finir.

Je songeais que Dieu fit la femme
Plus belle et meilleure que nous,
Mais qu'il suffit d'un vent jaloux
Pour vous éteindre, pauvre flamme !