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                           SOCIÉTÉS SAVANTES                                        329
dant surtout à réglementer le régime auquel sont actuellement soumis les agents
de change et les marchés à terme. M. le Rapporteur n'a pas craint d'aborder
avec une complète compétence l'historique ardu et peu connu des privilèges et
oharges, apanage de la corporation des agents de change. Actuellement encore
ce sont de vieux textes qui régissent une grande partie de leurs opérations, toutes
souvent très difficiles à concilier avec les nouvelles dispositions du code de
commerce qui elles-mêmes sont d'une interprétation excessivement périlleuse.
   Évidemment, il y aurait lieu de refondre cette législation surannée, de la
mettre' en ordre et d'enlever de nombreuses antinomies regrettables, mais faut-
il tellement modifier que la disparition de la corporation des agents de change
s'ensuive, faut il déclarer le marché financier libre et ouvert sans aucune ga-
rantie ? M. le Rapporteur ne le croit pas ; des catastrophes bien plus terribles
que la crise que nous subissons actuellement seraient la conséquence de ce libre
agiotage où chacun serait livré à la discrétion d'un intermédiaire sans surface
et sans honorabilité. M. le Rapporteur ne veut pas non plus que l'on prohibe les
marchés à terme qui sont l'aliment de la spéculation. Or on sait que la spéculation
sage est absolument nécessaire pour le classement de presque toutes les valeurs.
Enfin M. Rougier a paru adopter le projet de suppression de l'acception de jeu,
et a terminé son excellent rapport en flétrissant énergiquement les joueurs mal-
honnêtes et sans pudeur qui ne craignent pas d'invoquer l'article 1965 G. c. pour
éviter de payer les différences que leur a infligées leur aveugle passion.
   Séance du 24 février 1882. — La Société d'Économie politique ne veut pas
toujours s'occuper exclusivement de la science pure qui lui est chère, et sans
imiter le célèbre Pic de la Mirandolqui traitait de omni re scibili et quibus-
dam aliis, elle va quelquefois butiner sur les terres des autres sciences pourvu
qu'elle puisse en retirer profit et avantages quelque peu en rapport avec son but.
Aussi nous avons eu le plaisir d'entendre M. le docteur Lacassagne nous pré-
senter une curieuse étude sur la criminalité comparée des villes et des campagnes.
Beaucoup d'intéressantes remarques de fines observations offertes sous une forme
attrayante et basées sur des documents de statistique très sérieux. Nous avons
appris que la campagne affectionne (pardon du mot) certains crimes, ceux qui
ont pour origine la sauvagerie, l'amour du gain, la dissimulation, tandis qu'à la
ville on voit surtout des crimes causés par la dépravation des mœurs, l'irasci-
bilité de l'humeur, etc. Chaque saison a ses crimes aussi : voici l'hiver, où la faim
et le besoin poussent au' vol ; l'été, où la chaleur ardente porte à la satisfaction des
passions irritantes.
  M. le docteur Lacassagne constate une diminution du nombre des crimes, une
augmentation du nombre des délits II croit que c'est l'influence du milieu qui
agit surtout sur la nature et sur le nombre des crimes. Si tous les hommes avaient
ce qui leur est nécessaire, s'il y avait plus de pondération intellectuelle, la cri-
minalité serait bien diminuée. Espérons-le, et, en attendant, surveillons notre
personne et nos biens, c'est, je crois, ce qu'il y a encore de plus directement
pratique.