Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
220                  LA REVUE LYONNAISE
 l'apôtre. En même temps, un orateur catholique, dont le talent n'a
 excusé ni l'indépendance ni la hardiesse devant ses supérieurs,
transportait dans la chaire ce sujet de la plus brûlante actualité et
condamnait le divorce en usant à peu près des mêmes arguments
 sous lesquels avait succombé le titre vi du livre I er du Code civil,
 après la proposition de M. de Bonald et le rapport de M. de
Trinquelague. De son côté, M. Alexandre Dumas entreprenait de
répondre à un honorable ecclésiastique qui, lui aussi, venait de
publier une apologie de l'indissolubilité du mariage. Il serait trop
long de louer ici l'esprit, la verve, en même temps que la sûreté et
l'abondance des documents qu'on trouve dans le livre de M. Dumas.
Je me contente de le recommander à ceux qui ne l'auraient pas
encore lu et qui savent apprécier tout ce que la discussion peut
comporter d'ironie fine et jamais blessante, d'argumentation
serrée, de bonne humeur et de courtoisie.
    Ce n'est guère que depuis la chute du second empire que le
divorce s'est réellement imposé à l'attention de tous ; mais on se
rappelle que depuis 1816 plusieurs tentatives ont été faites pour le
rétablir. Danschacune des sessions législatives de 1831, de 1832
et de 1833, le divorce fut voté par la Chambre dés députés et tou-
jours repoussé par la Chambre des pairs. On ea parla un moment
en 1848, mais pour l'abandonner bientôt; les préoccupations
étaient ailleurs. Aujourd'hui le voilà décidément à l'ordre du
jour.
    Chose curieuse et qui montre à quel point est exclusif et inef-
façable le caractère de l'éducation que la femme reçoit, c'est à
la femme que le divorce profiterait surtout, et c'est elle qui s'y
montre généralement le plus opposée. Entrez dans un salon, mettez
sur le tapis la question du divorce et développez les raisons
qui vous paraissent militer en sa faveur. Les hommes vous
approuveront ou ne vous approuveront pas, mais ils se donneront
la peine de vous écouter, de vous suivre, de discuter avec vous.
N'attendez rien de pareil des femmes : elles vous imposeront
silence dès vos premières paroles. On leur a persuadé que les
promoteurs du divorce veulent établir la faculté de rompre le
mariage sous le prétexte le plus léger, le plus futile, et vous ne
les ferez pas démordre de cette idée. Vous essaierez en vain de