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U\                   LA R E V U E LYONNAISE
veinent ces deux moyens, particulièrement le dernier. Ici je pite
textuellement, par crainte d'être obscur ou inexact.
   « Le romancier est fait d'un observateur et d'un expérimenta-
teur. L'observateur chez lui donne les faits tels qu'il les a observés,
pose le point de départ, établit le terrain solide sur lequel vont
marcher les personnages et se développer les phénomènes. Puis
l'expérimentateur paraît et institue l'expérience, je veux dire fait
mouvoir les personnages dans une histoire particulière, pour y
montrer que la succession des faits y sera telle que l'exige le
déterminisme des phénomènes mis à l'étude. »
   Il ne faut pas croire que le romancier se livre à toutes ces études
et à toutes ces expériences pour le seul plaisir de découvrir le
mécanisme des passions; non, son but est plus grand et plus noble.
« Le jour où on tiendra le mécanisme d'une passion, dit M. Zola, on
pourra la traiter et la réduire, ou au moins la rendre la moins
inoffensive possible. »
   Ceci excuse l'apparente immoralité des tableaux tracés par les
romanciers naturalistes et répond aux reproches qu'on pourrait
leur faire de ne pas inventer des personnages vertueux. D'abord
ils n'inventent pas, ensuite la vertu n'a besoin ni d'être traitée,
ni d'être guérie ; ce n'est pas la santé que le médecin doit étudier,
mais la maladie.
   Et si vous contestez cette morale en l'accusant de fatalisme,
M. Zola vous répondra : « Nous ne sommes pas fatalistes, nous
sommes déterministes. » Et, pour s'expliquer, il ajoutera avec
Claude Bernard : « Le fatalisme suppose la manifestation nécessaire
d'un phénomène indépendant de ses conditions, tandis que le
déterminisme est la condition nécessaire d'un phénomène dont la
manifestation n'est pas forcée. Du moment qu'on admet une action
possible sur le déterminisme des phénomènes, par exemple, en
modifiant les milieux, on n'est pas fataliste. »
   Voilà le système, dépouillé de tous les raisonnements accessoires
et de toutes les analogies plus ou moins ingénieuses dont M. Zola
l'a agrémenté. Nous croyons l'avoir compris, et nous avons fait
tous nos efforts pour le faire comprendre au lecteur que pourrait
effrayer la lecture de l'article un peu long où il est exposé.
   Il nous reste à examiner quelle est la valeur de cette théorie.