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86                   LA REVUE LYONNAISE
    Pareille aux paysannes de Jules Breton, sa Coupeuse d'herbe
sa détache sur un ciel vaporeux, avec une vigueur discrète de
coloris. La tête est pleine d'expression, le corps bien posé, les
détails très soignés. En bonne lumière, cette toile doit être exquise.
M. Bidault a le courage de répudier le réalisme, de rendre à
l'idée et au sentiment la place qu'ils doivent occuper dans une
œuvre d'art. Ce Courage, a> été récompensé. En persévérant dans
ces théories et dans son travail, M. Bidault peut aller très loin.
    L'idylle de M. Garpentier a moins de mérite, parce qu'elle est
moins naturelle. La tête du berger est un peu celle d'un jeune
premier dans une pose théâtrale. Mais la fillette vous a un petit air
penché très réussi; son tablier est fort bien exécuté. D'ailleurs,
quand le printemps s'approche, ces rêveries peintes plaisent tou-
jours. h'OphéUe de M. Louis Bertrand se distingue difficilement
dans une toile où elle paraît n'être qu'un accessoire par le vice
d'une composition maladroite ; l'attention du spectateur est con-
centrée sur une branche brisée; de sorte que, au dire d'un mau-
vais plaisant, M. Louis Bertrand aurait- dû inscrire au livret : La
Mort d'une branche d'arbre, et non la Mort d'Ophèlie. Le
peintre a retrouvé d'ailleurs son talent dans une charmante étude
qu'il appelle Cendrillon.
    La Fleuriste des Caséines, de Mmc Salles-Vagner, est une œuvre
de grand mérite. Les traits de la figure sont peut-être un peu épais;
mais l'intensité du regard est remarquable : c'est bien la séré*-
 nité olympienne, l'attitude gracieuse, le corps superbe d'une belle
fille d'Italie. Les draperies sont dignes de tout éloge, traitées à
l'antique, avec chaleur, précision. C'est la beauté physique éclairée
 par le rayonnement de l'idéal ; c'est le triomphe de la nature méri-
 dionale qui donne aax fleurs et aux femmes un charme d'une
 puissance enivrante ; regardée longtemps, cette toile s'empare de
 notre esprit, remuant à la fois nos souvenirs et nos rêves.
    Si l'artiste avait agrandi sa toile, elle aurait gagné en force et
 en harmonie. Elle n'en reste pas moins le témoignage d'un effort et
 d'un succès.
    J'ai déjà eu l'occasion d'apprécier le talent de MUe Rongier, qui
 réunit, dans ses charmants tableaux de genre, deux qualités bien
 opposées : la délicatesse et l'énergie. Une délicatesse sans miè-